Comment provoquer sa chance en négociation ? Christophe Haag

J’écris des bouquins, je suis prof à Emlyon business school, et je travaille sur différentes thématiques, mais plutôt des choses autour de l’émotion, de l’intuition,  de l’intelligence émotionnelle, on a d’ailleurs créé un instrument de mesure de l’intelligence émotionnelle pour les managers, spécifique.et j’ai un peu la particularité de travailler avec des populations atypiques. D’ailleurs dans le dernier bouquin, je travaille avec des chasseurs de trésors, la seule survivante d’un crash d’avion, des spécialistes de requins blancs, dans les autres j’ai travaillé beaucoup avec des astronautes,  avec des membres du RAID. Je vais dans ces univers-là parce que je me définis comme un tératologue, il n’y a rien de sectaire ou de bizarre là-dedans, j’aime bien étudier la nuit pour comprendre le jour, j’aime bien étudier les monstres pour comprendre le genre humain. Donc j’aime bien aller dans des milieux extrêmes, pour comprendre notre quotidien,  parce que quand tu vas dans ces univers-là, c’est comme si tu voyais tout à la  loupe grossissante, et plein de phénomènes comportementaux, psychiques, psychologiques, de manière très claire, qui opèrent dans notre quotidien, mais de manière un peu moins visible et là c’est tout super visible, donc tu arrives  bien à traquer cette espèce de Da Vinci code comportemental, et ça te permet après de tirer tout un tas de leçons pour nos vies, oui elles sont extraordinaires, mais on n’est pas toujours face à  la mort ou face à des situations extrêmes, mais en tout cas, l’idée est que ça puisse servir tout le monde,  que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle.

 

dans les grandes lignes, pour résumer ton livre, c’est que la chance n’est pas une question de chance
Je dis, et ce n’est pas de moi, c’est de Jacques Séguéla qui me l’a chuchoté à l’oreille, je cherchais une phrase d’accroche, on s’était vu à Paris, et il me fait, tu sais, le hasard ne frappe jamais par hasard. Et j’ai dit waouh ce n’est pas le pape de la pub pour rien, et il se trouve que oui, dans ce bouquin je ne m’intéresse pas à la chance isolée, qu’on pourrait appeler le pur hasard, etc., je ne m’intéresse pas aux gagnants du loto, un phénomène comme ça très rare, je m’intéresse à la chance durable. comment les personnes arrivent à se créer plein d’opportunités, de manière fréquente, régulière, dans leur vie, et cette chance durable ,je la définis comme le résultat d’une cohérence parfaite avec toi-même, avec soi-même. Pour moi c’est presque une capacité, une compétence à apprivoiser l’inattendu, et quand je dis inattendu, c’est les bonnes comme les mauvaises surprises, comment tu peux rentabiliser ce qui t’arrive. C’est cette chance-là qui m’intéresse, et pour la comprendre je suis allé dans des milieux assez extrêmes, parce que quand tu vas voir des chasseurs de trésors, qui trouvent des cités mayas, qui arrivent à trouver des épaves au fond des océans, qui sont recherchées depuis je ne sais combien de temps, bref, à dénicher des aiguilles dans des bottes de foin, tu te dis, ils ont un truc en plus ! Donc l’idée était vraiment de s’inspirer de ces personnes qui à chaque fois arrivent à forcer le destin, ou plutôt je dirais, à apprivoiser le destin, parce que ce sont des personnes, s’il fallait donner une image, c’est un peu comme un kayakiste, ce ne sont pas des personnes qui vont lutter contre le courant, parce que là tu perds plein d’énergie, ce ne sont pas des personnes qui mettent les deux mains en l’air et qui se laissent guider par le courant, parce que là tu ne vas pas là où tu as envie d’aller et tu te laisses téléguider dans la vie, ce sont des personnes qui tiennent compte de l’environnement, mais qui sont capables à chaque fois de donner des petits coups de pagaie, un coup à gauche, un coup à droite, pour rester en résonnance avec leurs intentions premières,  avec ce qu’ils ont vraiment envie de réaliser dans leur vie, tout en prenant en compte, cette vie, ce courant de la vie qui t’amène et qui te drive un petit peu.

 

tu différencies la chance du hasard, dans le sens où le hasard est un épiphénomène qui peut t’arriver une fois, tu joues au loto, et tu gagnes à la bonne heure, alors que la chance, tu vas vraiment la définir comme une compétence, cette notion que tu as dans ton livre de serial veinard, cette capacité à rebondir et à avoir des opportunités, dans la régularité
Oui,  et d’ailleurs pour en venir à ces serials chanceux, j’ai fait des rencontres aussi de serials poissards, ça existe. Tu as le cas de Damien, il y a deux dates qui le caractérisent, le 13.11.2015, et un mardi soir de 2018. Le 13 novembre 2015 il était au Bataclan, vraiment dans l’œil du cyclone,  et il a subi le truc, il avait des corps sur lui, il y avait cette attaque terroriste qu’il a vécue dans sa chair,  dans sa tête, mais il a réussi à survivre à ça. Et il se trouve que trois ans plus tard, Damien revenait d’une espèce de répète avec son groupe de rock, au volant de sa voiture, et là , blackout, il a un accident,  sa voiture fait des tonneaux, etc., et il se réveille en chaise roulante. Il y a plein de phénomènes comme ça, la poisse,  la poisse

 

 

 

 

 

ça veut dire que, autant le hasard,  quand tu es au Bataclan, c’est vraiment une notion de hasard, on ne peut pas dire qu’il y a une compétence qui fait que tu pouvais être là ou pas, mais est-ce que le fait d’avoir ce serial poissard, c’est une compétence inversée ou c’est une succession pour le coup vraiment de malchances ?
Les deux, mais à un moment tu rentres toi aussi dans la croyance que tu es un serial poissard, et donc une prophétie autoréalisatrice, et lui, même dans sa vie il avait un peu perdu confiance, il avait moins d’estime, etc., et donc il lui arrivait des choses négatives,  parce que quand tu penses des choses toxiques sur toi, ou des choses qui ne sont pas forcément réjouissantes, tu attires ça. Mais même d’un point de vue comportemental, tu accueilles les choses un peu moins sympas, mais à un moment il a réussi à renverser la vapeur, parce qu’il s’est posé la question ultime.  Rien que de t’en parler, j’ai la chair de poule, parce que je me la pose depuis, et Damien j’ai conversé pendant plusieurs années avec lui, et cette question est à mon sens fondamentale, et il la pose dans le livre, et il y a répondu. Cette question c’est, qu’est-ce qu’on est prêt à perdre dans la vie ? Et la réponse de Damien elle m’a scotché, parce qu’il dit, tu sais,  je n’étais pas prêt à perdre mes mains, parce qu’elles jouent de la gratte, sa guitare c’est son thérapeute, c’est elle qui lui permet de sortir de certains coups de blues, il a vraiment la musicalité qui coule dans ses veines, c’est une raison d’être. Il me dit, la tête, je ne suis pas prêt à la perdre, autour de lui il voit des personnes qui ont Alzheimer, qui ont des troubles psychiques cognitifs, etc., quand tu perds la boule, tu perds le sens que tu donnes à la vie. Il dit, le seul truc que j’étais prêt à perdre, ce sont mes jambes, et il l’a accepté comme ça, et il a compris que quand tu es dans l’acceptation d’un coup de malchance, d’un revers de la vie, c’est comme ça que tu avances. Et il se trouve que quand tu te mets à accepter un mauvais coup, en règle générale, et ça je l’ai observé auprès de plongeurs extrêmes polaires comme Alban Michon, etc., qui sont des types super connus qui font des expéditions, qui plongent sous la glace, le type te dit une chose assez folle qu’ils ont observée chez eux et chez d’autres, il faut à peine 15 jours pour digérer psychiquement un coup dur, 15 jours. Et on l’a vu même avec le covid, on a toujours la courbe du deuil qui met un an, on passe par plein d’émotions, et en réalité, ces derniers temps en tout cas, ce phénomène a accéléré, et en fait on commence à rebondir en termes de résilience, etc., au bout de 15 jours. Tu le vois avec la crise en Ukraine, avec le covid, les 15 premiers jours, coup dur, compliqué, etc., et au bout d’un moment, ton cerveau s’est adapté. D’ailleurs ton cerveau, cet organe a été conçu pour s’adapter, c’est son rôle premier, sauf qu’on est dans une société, on le décharge de tout, il y a plein de satellites autour de notre tête, on a des apps pour à peu près tout, pour se guider en bagnole, pour trouver l’âme sœur,  pour commander une pizza, en fait on a créé comme ça tout un tas de satellites, de micros cerveaux autour de notre cerveau principal, qui le déchargent et au final…

 

tu apportes de la dopamine, le fait d’avoir une vie facile apporte du plaisir au cerveau
Voilà, alors que le cerveau lui fonctionne au désir, et c’est ça aussi qui le fait avancer, et quelque part, c’est comme s’il ne bossait plus,  la machine se rouille un peu, et ça, c’est fâcheux parce que le cerveau demande à remplir son rôle fondamental d’adaptation

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Donc il se trouve que ce qu’on a vécu avec la crise du covid, ça nous a permis de se renforcer en fait, même si le cerveau n’est pas un muscle, on s’est musclé grâce à tous ces épisodes émotionnels qui nous ont vraiment marqués, qui nous ont bousculés, etc., c’était vraiment, genre session de rattrapage pour les cancres de la gestion émotionnelle, et le cerveau, à force de s’en prendre plein la tête, il s’est remis en route, et il a commencé à refonctionner à plein régime. C’est là où on a accéléré cette fameuse digestion psychique, et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, on est capable plus facilement en tout cas pour certaines personnes, parce qu’il y a encore des personnes en souffrance qui n’ont pas compris que tout ce qui nous arrivait pouvait être aussi une chance. L’acronyme de covid, moi je l’ai redéfini, pour moi c’est une chance qui nous est offerte de valider notre vraie identité, je crois que c’est dans ces moments-là où tu arrives à avoir une lucidité de toi, savoir ce que tu veux vraiment dans la vie, c’est pour ça qu’il y a eu tellement de personnes qui se sont réorientées, qui ont changé de vie, etc., ou qui ont changé des choses dans leur hygiène de vie, dans leur façon de penser, et qui ont remis aussi le cerveau là où il devait être. Tout ça a fait qu’on a accéléré notre gestion des mauvais coups, parce que les mauvais coups, ils sont toujours accompagnés d’une charge émotionnelle forte, et d’ailleurs les serials chanceux, comme Damien dont on parlait, Damien est capable aujourd’hui de recycler les coups de malchance. Ça, c’est une caractéristique des supra chanceux

 

c’est un concept qu’on retrouve en psychologie qui est le cadrage de sens, il y a toujours des gens qui verront le verre à moitié vide, et ce que tu dis c’est que même dans ce verre à moitié vide on peut le voir à moitié plein. Ma première passion, c’était la magie, et j’avais suivi le travail de Richard Wiseman, qui s’est beaucoup intéressé à la chance, et qui disait que sur des populations qui se considéraient extrêmement chanceuses ou malchanceuses, des gens sur des extrêmes, lui son travail avait montré que c’était des gens qui avaient à peu près les mêmes aléas dans leur vie, sauf que les chanceux en faisaient quelque chose de positif, et toi tu disais, que les malchanceux voient le côté malchanceux, et peut-être qu’après tu attires ce que tu penses, tu crées tes prophéties autoréalisatrices. J’ai bien aimé ta définition de la chance dans ton livre, tu fais une équation qui parle de vibrations de qu’est-ce que je vis, qu’est-ce que je suis
Ce n’est même pas moi qui la fais, c’est une première mondiale, c’est un physicien quantique qui a obtenu plein de prix, qui publie de super papiers dans des tops revues académiques, il a mis l’équation en chance, et il dit que plus tu vis en conscience tes intentions, sans être dans le mental, dans la planification, dans de l’ego, plus tu as de la chance. Et donc il définit tout ça,  et donne des images, il parle du film l’agence, etc., et il donne cette image qui est sympa, il te dit, en gros on est tous à marcher dans une espèce de gros tuyau, et ce tuyau, imagine qu’il repose sur de l’eau, et ce tuyau, c’est ton futur en fait, le tracé du futur, mais il se trouve que quand tu fais un pas à gauche ou à droite dans ce tuyau, ton tuyau va basculer d’un côté ou de l’autre. Donc tu peux avoir une action sur ce tuyau, et sur le tout, et ça il le définit à fond dans le livre.

Et pour rebondir sur ce que tu disais,  face à un même évènement, le fait que le chanceux il va arriver à mieux digérer quelque chose qui est négatif, c’est parce qu’il a compris une chose élémentaire, c’est que quand tu as un évènement qui est tout pourri, une Bad news qui t’arrive, vu qu’elle est chargée émotionnellement, c’est juste l’habillage qui est tout pourri, qui est désagréable, qui est déplaisant, noirci, même puant, mais si tu casses cette enveloppe-là, que tu retires tout le mauvais, comme dans un fruit qui te semble un peu pourri en surface, il te reste l’élément nutritif à la base dans le noyau, etc., et ça, cette charge émotionnelle, c’est de l’essence que tu peux mettre dans ton moteur,  l’étymologie du mot émotion, ex movere, c’est mettre en mouvement, c’est ça qui te met en mouvement. Il suffit de te dire, il y a un truc qui est pourri, mais en fait d’un point de vue physiologique, psychique, c’est super chargé, ça peut me tonifier,  c’est de l’espèce de vitamine C psychique, donc à moi de la réutiliser pour l’amener dans le bon sens. Et ça, c’est un truc élémentaire que dit Wiseman, que dit Philipe Gabilliet, etc., ce que disent également les chasseurs de trésors dans le bouquin,  avec leurs mots, mais en gros, les chanceux bougent. Je dis toujours, vaut mieux un con qui bouge que 10 intellectuels assis. Abraham Lincoln disait, il peut arriver des choses à ceux qui attendent mais uniquement celles qu’ont laissées ceux qui ont foncé, et on sait que la chance pour qu’elle existe, pour créer des opportunités, il faut que tu sois dans l’action,  et il faut que tu sois au contact des autres. La chance elle ne peut pas naitre dans un contexte où tu es totalement isolé, où tu es loin des autres. Quand tu donnes sa chance à autrui, la probabilité est très, très forte qu’un jour ou l’autre, tu vas avoir une espèce de retour sur investissement, même si tu ne l’as pas calculé.  D’ailleurs il y a tout un, je ne sais plus comment ça s’appelle, sur LinkedIn il y a tout un mouvement hashtag avec, je crois que c’est, provoquons notre chance, ou provoquons la chance, et tu as des gens avec un réseau extrêmement touffu, extrêmement large, qui en font profiter des personnes qui sont en précarité, qui ont un réseau tout maigrichon, etc., et donc en gros ce mouvement invitait les personnes qui étaient au centre de la toile d’araignée, de donner accès aux autres personnes. En faisant ça, tu n’es pas à l’abri qu’un jour, quelqu’un toque à ta porte avec une bonne nouvelle ou avec une mise en relation, avec un service qu’il pourra te rendre, ou quelque chose.  En tout cas une chose est sure, le chanceux a compris que pour provoquer la chance, il faut provoquer, produire un enchantement, comme dans Harry Potter, son enchantement du patronus, et ça, c’est Annette  Herfkens qui me l’a livré, on est le 14 novembre 1992,  et Annette Herfkens est à bord du Yak 40, c’est un avion, ne prenez jamais de Yak 40, c’est vraiment un des avions les plus dangereux au monde, ça vibre de partout, il y a des pannes moteur, le truc pourri, et il se trouve qu’Annette elle le prend, alors qu’elle avait une intuition de ne pas prendre cet avion, parce qu’elle devait  se rendre dans une station balnéaire au Vietnam avec son amoureux de toujours, et cet avion, s’écrase, en pleine jungle vietnamienne, et Annette est la seule survivante de ce crash, et elle survit 8 jours, seule dans la jungle, elle a les deux jambes brisées, un poumon perforé, la mâchoire cassée, il y a plein de petites bestioles, le truc horrible, et ce qui lui a permis de transformer cette malchance en chance et de trouver cette résilience, la force d’avancer, c’est justement cet enchantement, ce patronus. Quand tu regardes Harry Potter, quand il est attaqué par des monstres, il va faire cet enchantement, et derrière il va avoir une espèce de bulle de protection, et cette bulle le maintient dans des émotions bénéfiques, bienveillantes, aidantes. Et ces émotions viennent de tous les souvenirs émotionnels positifs qu’il a eu avec les gens qu’il aime ou qu’il considère, des souvenirs de ses parents, des choses comme ça.

 

c’est comment tu ancres, tu vas chercher le meilleur de toi dans une situation qui n’est pas forcément à ton avantage
Voilà, et comment toutes les émotions positives que tu as partagées avec les autres, tous ces moments de joie,  que tu as créés avec autrui, ça tu peux le transposer à l’entreprise, tous les liens, les partenariats, même les négos, des choses positives que tu as partagées avec autrui, en cas de coup dur, tout ça remonte à la surface de ton cerveau, et tu baignes dans ces pensées-là qui te donnent de l’espoir, de l’espoir de t’en sortir, de créer quelque chose.  Et Annette c’est comme ça qu’elle s’en est sortie, et elle te dira qu’elle n’a pas eu peur une seule seconde, malgré les bruits bizarres, malgré le contexte catastrophique dans lequel elle était, pas une fois elle n’a eu peur. Le covid nous a enlevé pour certains, le gout, l’odorat, le machin, il nous a même enlevé le gout de l’autre, si cher à Jean Pierre Bacri, avec des gens qui se sont retrouvés un peu en PLS, isolés,  qui ne voulaient plus voir les autres et tout, moi je suis pour qu’on réhabilite le gout de l’autre parce que c’est ce qui fait notre force en tant qu’espèce humaine, c’est pour ça qu’on est tout en haut de la pyramide des espèces, on n’a pas la force musculaire d’un ours, ni les incisives d’un T rex,  ce qui fait notre force, c’est notre capacité à créer du lien avec  les autres, à créer des synergies collectives,  affectives, à réaliser de grandes choses. Tu prends l’astrophysicien avec la mécanique intellectuelle la mieux huilée, seul, il n’envoie personne sur la lune, ça a été une synergie collective qui fait que…

Bref, pour moi la vraie valeur refuge ce n’est pas l’or ni la pierre, c’est l’autre, et ça, le serial chanceux l’a vachement compris, et quand je parlais de Damien qui était à un moment un serial poissard, je m’étais dit, à l’autre bout du continuum, tu as des gens aussi qui ont une chance extraordinaire. Comme dans ce film inclassable, tu as ? interprété par Samuel L Jackson qui est extrêmement cassable, qui a une maladie des os, etc., il découvre qu’il y a des gens qui sont antagonistes à lui et qui sont incassables. Et donc chance, malchance, c’est les deux faces d’une même pièce, et quelquefois, certaines personnes vont activer des facteurs chance et vont basculer du côté pile, et d’autres fois ces facteurs-là vont être inactifs parce qu’elles n’en ont pas conscience. C’est ça l’objectif du bouquin dont tu parlais, que j’ai écrit, c’est vraiment ça, c’est de donner plein de choses à picorer, tu prends ce dont tu as envie, et derrière tu regardes ce qui peut résonner avec ta vie perso, ton quotidien, et il y a des choses qui m’ont surpris. Quand j’écris un bouquin, il faut que je sois le premier surpris, et il y a des choses dans ce bouquin dont je me dis, c’est fou, les types pensaient ,ils rentrent dans ce schéma mental là, c’est simple et ça te permet de basculer. Et je pense que les grandes vérités sur l’être humain sont aussi les plus simples et si simples qu’un enfant doit les comprendre, et si un enfant n’arrive pas à comprendre mon bouquin, c’est que finalement je n’ai pas fait le job.

 

le livre est plein d’anecdotes, de conseils très pratiques, et on sent cette notion de sortir de sa zone de confort qui nous agrandit notre zone d’opportunités dans cette capacité à être dans l’action, à créer du lien. Je réfléchis à mon parcours aujourd’hui, là où j’en suis, ce n’est qu’une question de rencontres, et de chance au départ. Je me suis toujours fait la réflexion que tu ne pouvais pas avoir des grosses opportunités si tu n’avais pas de moyennes opportunités, mais tu ne pouvais pas avoir de moyennes opportunités dans ta vie si tu n’en avais pas des petites . Et ces petites opportunités, je me souviens avoir parlé avec des copains de ce que je faisais, il y a quelques années, et les copains me dire, toi tu as de la chance, et de me dire, la première action qui fait que j’en suis là aujourd’hui, j’étais étudiant, avec mon bac + 5 ;et notre directeur du master à la Sorbonne qui nous dit, qui voudrait venir au salon des masters, le samedi matin à 10h, autant te dire que quand tu es étudiant, c’est le jour et l’horaire que tu ne veux pas, et  on était en stage, et je suis le seul de ma promo à venir à 10h du matin à la Sorbonne pour une prise de parole de deux ou trois minutes. Et en fait, cette opportunité, l’année d’après s’est transformée en un retour d’expérience sur mon stage aux étudiants, puis rapidement, est-ce que tu voudrais faire une intervention sur ton métier, puis un cours de négo, et un doctorat, plus de rencontres, etc.
Ce que tu dis là est fondamental, tu t’es rendu disponible. En fait les serials chanceux, c’est vraiment des personnes qui à un  moment ont du temps de cerveau disponible pour faire les choses, et il y a même un truc qu’on peut facilement installer dans nos vies, c’est ce que j’appelle les yes days, en fait j’ai 52 dates dans mon agenda Outlook, et je déteste planifier les choses, mais ça je le fais avec un logiciel qui fait le truc aléatoire, j’ai 52 dates, c’est 52 demi-journées éparpillées dans l’année, et si on me contacte dans un de ces créneaux, je suis forcé de dire oui,  avec les limites éthiques, etc., mais c’est vraiment le truc ,et je me dis, là par contre tu dis oui, que ce soit une conférence, un service  qu’on me demande, même le truc le plus chiant possible, mais je veux être dispo pour ça. Et bien sûr, des fois tu as tout un tas de trucs, tu te dis oh punaise, mais si tu savais derrière le nombre d’opportunités, parce qu’on est quand même dans le pays du non, et je veux qu’on réhabilite le oui, que des voyelles, et ça, ça te donne des opportunités. Ne serait-ce que dans ce bouquin, à un moment donné j’avais donné une grosse conférence pour un youtubeur célèbre, et je reçois un message sur Messenger que je n’ouvre jamais, Messenger ce n’est pas du tout mon canal de communication, d’une certaine Sylvie, elle est coach, et elle me parle de choses et d’autres, vous avez fait des tests, etc., et elle me dit, vous en êtes où de votre phase d’écriture de votre dernier bouquin, et je dis je suis en train de réfléchir au dernier chapitre, et elle me dit, ça vous dirait de plonger dans le grand bleu ? Je suis apnéiste, je connais des apnéistes professionnels, des champions du monde, je connais les anciens qui ont bossé avec le commandant Cousteau, des spécialistes des requins, le dernier chapitre de mon bouquin m’a été amené, parce que j’ai répondu à Sylvie favorablement, j’étais dans un yes day, j’ai dit oui OK on part, on s’appelle, tout ce que tu veux, on parle, on parle et 72h plus tard, elle m’amène sur un plateau, sans que je ne réclame rien, sans que je sois dans cette espèce de demande ou d’attente, de retour sur investissement, et d’un coup j’ai tout un chapitre qui m’a passionné , qui était extraordinaire. Donc le yes day, c’est un machin de fou, et ça fonctionne super bien.

Et je pense qu’il y a un autre truc, on est dans une société, et ça les serials chanceux du bouquin l’ont aussi compris, où on rumine beaucoup, on complexifie beaucoup, on s’invente même des problèmes. Aujourd’hui tu as 9 pensées anxiogènes sur 10 qui sont totalement factices, c’est des décors en carton-pâte, tu souffles dessus, ça part, il n’y a pas de raison d’être de ces pointes d’angoisse, elles viennent soit des chaines d’actualité,  quand tu restes scotché à ça et que tu reçois en intraveineuse de l’angoisse, soit de croyances limitantes , ou de choses comme ça, et tu en as 9 sur 10 qui sont totalement infondées. J’ai envie de dire un truc à tes auditeurs, c’est que , plus c’est compliqué, moins il faut réfléchir,  et j’ai travaillé beaucoup sur les mécanismes intuitifs, avec différents types de populations et notamment des réalisateurs de cinéma à Hollywood,  on a vraiment mené l’enquête avec des collègues chercheurs à Los Angeles à l’époque,  et on remarque que plus c’est compliqué, moins il faut réfléchir

 

si tu réfléchis moins, tu laisses place à quoi ?
En fait tu accueilles plus facilement tes émotions, et ce qu’on oublie, c’est que les émotions, oui il y en a des factices, mais il y a aussi des émotions supra utiles.

 

elles sont toutes utiles ?
Oui, mais certaines sont des fois, on les appelle toxiques parce qu’elles ne s’invitent pas dans le bon tempo, pas au bon moment, pas avec la bonne intensité, mais effectivement, globalement l’émotion c’est quelque chose qui est là pour t’aider. Mais l’émotion c’est quelque chose de terrain, c’est empirique, c’est pragmatique.  Je suis issu d’une famille de paysans, de gens de la terre, personne n’a de diplôme dans ma famille à part mon frère et moi mais derrière, c’est quelque chose qui te maintient en relation directe avec ce qu’il se passe dans ton environnement, il n’y a pas plus réaliste qu’une émotion,  et ça, on travaille sur l’intelligence émotionnelle, etc. avec mon équipe, et c’est ce que vient dire ce concept. Quand tu simplifies les choses, tu restes au contact de tes émotions premières, qui ont un truc à dire sur ce qui est en train de se passer dans ton environnement et qui peut avoir un impact direct sur ton niveau de bien-être, sur le niveau de bien-être des autres, et sur la réalisation ou non de ton objectif. D’ailleurs il y a un paléontologue que j’adore qui s’appelle Stephen Gould qui disait,  la vie parfois préfère la simplicité à la complexité, et il a raison. Aujourd’hui on se charge, on se crée des charges mentales de fou, à essayer de penser à tout, à essayer de tout mettre en équation, en machin, alors que derrière, les choses les plus simples sont souvent les plus efficaces

 

tu disais que ce qui nous différencie en tant qu’être humain, c’est cette capacité à créer de la relation, à créer du lien, et c’est la force de l’être humain, et que la chance était dans l’action et dans la relation à l’autre, et j’entends que la première étape du chanceux,  il n’est pas dans la relation à l’autre, mais il est dans le fait de ne pas se couper à la relation à lui ?
Oui c’est ça, et de toute façon, quand tu es en résonnance avec toi-même, tu vas vers les autres. Et d’ailleurs, j’ai observé aussi dans ce bouquin, et je n’y avais pas prêté attention avant, mais les gens qui sont dissonants, par rapport à eux-mêmes, et donc ils ont presque un handicap à aller vers les autres parce qu’ils doivent d’abord se soigner, pour pouvoir aller voir les autres, il faut un peu se soigner, etc. et ces personnes-là se mentent un peu à elles-mêmes, et en se mentant à elles-mêmes, il y a tout un tas d’émotions extrêmement désagréables, qui viennent les habiter. Et ces émotions, tu as des travaux de recherche qui montrent que quand tu as des émotions toxiques qui s’invitent trop longtemps, trop fréquemment chez toi, ces émotions-là vont avoir un impact, créer des troubles psychosomatiques et tout ça,  et vont même avoir un impact sur la colorimétrie de ton épiderme, donc sur la couleur de ta peau à un moment. Toutes ces personnes qu’on voit, qui sont aigries, dans aigri, il y a gris, on les croise tous ceux-là, qui déambulent dans les couloirs comme des zombies, ces personnes-là, et j’ai tout un morceau dans le livre,  ces personnes-là quand tu les vois, c’est un des derniers signaux SOS qui est envoyé par leur cerveau en disant, inconsciemment, aidez-moi. Il y a un truc qui ne va pas. Et quand toi-même, on met de côté les facteurs, la maladie, le machin, etc., mais même quand toi, à un moment, tu sens qu’il y a un truc, regarde-toi dans la glace, tu te dis j’ai une sale tronche, un sale machin, ça, c’est ton intériorité qui te dit que tu es engagé sur la mauvaise route, et je vais essayer de te la signaler de manière visible. Dans cette société qui est super narcissique, etc., regarde-toi dans la glace, et tu feras ton autodiagnostic, et il faut que tu changes absolument quelque chose dans ta vie, il faut que tu changes le cours des choses. C’est un signal, fort,  mais on est peu à l’écouter

 

on est peu à l’écouter et à voir, j’ai un très gros client qui a un cabinet d’audit et une personne m’avait dit la chance c’est la capacité à voir les petits papiers sur la route,  certains les voient, certains ne les voient pas, certains les ramassent et certains ne les ramassent pas. Et dans le côté de se rendre disponible ou de voir dans le miroir ce qu’on voit tous au quotidien, il n’y a pas de volonté d’attente ou de retour sur investissement dans la démarche.  La première fois que je fais la conférence, même pas, quand je parle deux minutes ou tout ce qui s’est suivi derrière, à la différence de la négo, dans la négo tout ce que je vais te donner je vais l’apprécier, estimer, attendre une contrepartie, il n’y a pas de gratuité, alors que là, tu dis que pour avoir de la chance c’est un don qu’on fait aux autres, en espérant d’une certaine manière qu’on nous rende, on ne sait pas qui ,on ne sait pas quand, on ne sait pas de quelle manière..
C’est très important ce que tu dis, déjà un des parrains du bouquin, c’est Frédéric Lopez, qui est un gentil notoire, là tu es en train de parler de don de bienveillance, de relation positive à l’autre, etc., dans ce bouquin, une des découvertes que j’ai faites, c’est que contrairement à ce qu’on croit, à ce qui berce notre imaginaire,  que c’est toujours les plus pourris, ceux qui gueulent le plus fort qui obtiennent tout, etc.,  dans le bouquin, que ce soit des témoignages ou même  des faits scientifiques, on montre que la gentillesse est un facteur clé de la chance. Ce qui est fou c’est que,  et justement la vraie gentillesse, pas la fausse, où tu es faussement gentil et tu attends, je te donne ça et toi tu me donnes ça, non la gentillesse authentique, là il y a des résultats de recherche qui sont extraordinaires. C’est-à-dire que quand tu produis un vrai acte gentil, tu vas augmenter la production de l’ocytocine,  c’est le baromètre chimique du bien-être chez les mammifères, en produisant ça, non seulement tu te sens bien, mais en plus, tu vas augmenter la production d’oxyde nitrique, ça, c’est cardioprotecteur, ça va faire une dilatation de tes vaisseaux sanguins et ton cœur sera plus protégé. Tu vas sécréter moins de stress, 23% de moins d’hormone cortisol, que le reste du monde, tu vas avoir une espérance de vie plus forte, c’est juste fou. Quand tu délivres 6 actes gentils, authentiquement gentils par semaine,  tu vas avoir beaucoup moins de pointes d’angoisse, tu vas réguler ton stress plus facilement, et il se trouve que faire ça, te permet d’avoir un effet beaucoup plus fort sur ta santé et ta psychologie, que pratiquer 4 fois du sport dans la semaine. Et ce qui est extraordinaire dans cette société qui vénère quand même une espèce de forme de méchanceté, je fais un sondage à un moment dans le livre et tu vois que les trois personnalités que la société promeut le plus, c’est le pervers narcissique, la personne machiavélique, et les personnes avec tendances psychopathiques, et le gentil est relégué tout derrière vraiment de ce classement

 

sur cette notion de don, on a cette phrase qui est violente, que j’entends beaucoup en formation, trop bon trop con, la gentillesse est ramenée à quelque chose qui n’est pas très agréable

Alors que tu peux être gentil et avoir de l’assertivité, sans renier tes principes ni tes valeurs, tu peux avoir ce gout de l’autre et produire des choses, parce que tu sais, parce que ton cerveau sait, inconsciemment, là je le conscientise, mais que ça t’apporte toutes ces choses-là. et il se trouve, et c’est une stat que j’ai trouvée, je donne toutes les références dans le bouquin, tu as 30 à 50 % de la population qui est composée de vrais gentils donc contrairement à ce qu’on croit, en gros, et là je fais plaisir un peu à Darwin, c’est qu’instinctivement, la gentillesse, l’empathie, la bienveillance est inscrite en nous

 

instinctivement elle est inscrite en nous, mais si je me fais l’avocat du diable, pour reprendre l’expérience de Stanford, de Zimbardo, qui nous montre qu’on a du bon et du moins bon, mais ce n’est pas forcément nos croyances qui vont impacter notre comportement , c’est la situation qu’on va vivre qui va faire ressortir la meilleure partie de nous, ou la moins bonne partie, ça veut dire que charge à nous dans notre relation à l’autre, de créer les conditions favorables à cette bienveillance. Parce que ça existe chez l’autre, et si je veux l’avoir, je peux créer les conditions pour faire sortir le meilleur de l’autre,  mais si je perçois l’autre comme un pourri, un méchant, un pas beau, etc., par prophétie autoréalisatrice, je peux aussi créer les conditions pour faire ressortir le moins bon chez lui
Mais de toute façon, quand tu es face à quelqu’un de gentil, tu as de fortes chances, là aussi il y a des études qui le montrent,  d’être contaminé par cette gentillesse. Même si tu as une enflure toxique qui est face à quelqu’un, certifiée tout ça, une enflure toxique qui est dans ce jeu du moi, moi, moi, etc., tu la mets face à un gentil de manière récurrente, cette personne-là sera moins toxique in fine, il y a une espèce de magie. Et en plus, là on parle de la gentillesse, etc., et  je développe ça dans le bouquin,  mais il y a un autre truc qui est caractéristique, on est dans une société aussi qui à mon sens est beaucoup trop sérieuse,  beaucoup trop, et tout le monde se prend au sérieux,  ne serait-ce que tous les filtres et tout ça que tu vois sur les réseaux,  en fait, tout le monde veut montrer une image très particulière de soi, c’est très compliqué, et je pense qu’on doit jouer beaucoup plus, au sens premier du terme. Et je vois aussi que les serials chanceux que j’ai rencontrés, et c’est des personnes extraordinaires,  des mecs des forces spéciales, qui ont réussi à avoir une accumulation de moments chanceux, toutes ces personnes pratiquent l’autodérision.  Je vais te donner une petite anecdote qui m’avait surprise, un type qui s’appelle Captain Hook (?), c’est le père spirituel de Bear Grylls, Bear Grylls, c’est cet ancien des forces spéciales britanniques qui a une émission qui s’appelle man Vs Wild, qu’on retrouve sur la TNT, etc., et Captain Hook c’est un des premiers à avoir lancé ces émissions de survivalisme aux USA, qui est suivi par des dizaines de millions de téléspectateurs, et Captain me raconte un épisode, je le raconte dans le bouquin, et il y en a d’autres, et il dit, à un moment on voulait survoler un territoire ennemi, il était encore dans les forces spéciales, et on avait confisqué le jet privé d’un baron de la drogue,  et ils se retrouvent au-dessus du territoire ennemi, et il y a une panne d’un moteur,  il y a un deuxième moteur, le pilote est encore un peu confiant. 30 secondes plus tard, le deuxième moteur tombe en panne, et là, panique générale à bord, les mecs ont beau être super entrainés, ils sont dans une boite de métal au-dessus,  ça va se scratcher et faire des morts.  Et le pilote a la petite gouttelette qui ruisselle sur son front, il est en panique totale et ne sait pas quoi faire, et à un moment il se passe un truc extraordinaire, ils se mettent quasi tous au même moment à se foutre tous d’eux-mêmes,  un peu comme ce rire nerveux que tu peux avoir à un enterrement. Et Captain Hook commence à leur dire, les gars, vous imaginez, on se scratche dans ce truc, les gros titres des journaux le lendemain, forces spéciales américaines qui ont scratché dans le jet privé d’un baron de la drogue, dans un nuage de cocaïne, la honte totale ! on n’a pas fait 20 ans de bons et loyaux services dans le truc pour finir comme ça ! et ils se foutent d’eux-mêmes, et là il y a des tilts, des eurêka parce que quand tu pratiques l’autodérision, tu vas libérer cette tension psychique, et favoriser la pensée latérale, tu peux arriver à être créatif dans une situation des fois très stressante, mais en ne te prenant pas au sérieux. Et le pilote commence à se marrer, et les deux moteurs sont en panne, et le type a cette idée et dit, il faut qu’on fasse demi-tour, qu’on surfe sur un des courants du vent particuliers, et il a souvenir que quelques km auparavant, il y avait un terrain où ils pouvaient atterrir, et le gars réussit à atterrir, et ils sont tous sains et saufs.  Pratiquer l’autodérision c’est juste extraordinaire, et d’ailleurs c’est une vraie pompe à endorphine, quand tu pratiques ça, tu ne ressens même plus la douleur, si tu es en situation critique, qu’un truc te fait mal, même psychiquement, il va te faire beaucoup moins mal parce que tu fais ça. Ces personnes-là sont des gélotophiles, rien à voir avec des fans de glace italiennes, gélotophiles ça veut dire que tu es juste ouvert à l’autodérision, les serials chanceux sont ouverts à ça et ils savent que quand ils le pratiquent ils transforment un truc négatif en quelque chose de positif. Mais des trucs comme ça, il y en a plein !  et il y a plein de choses qui m’ont surpris, comme la seconde langue, ça pour le public de négociateurs, tu es à un moment dans une négociation,  ces fameuses négociations flash où en peu de temps du dois produire un résultat, il y a un stress énorme, il faut que tu te décides vite, etc.,  je vous invite tous à faire un truc qui peut vous paraitre un peu hallucinant, mais qui fonctionne, et ça, c’est Annette Herfkens la survivante du crash d’avion et Captain Hook qui me l’ont chuchoté à l’oreille, c’est que quand la négo est complexe, stressante, à ce moment-là vous pensez dans votre tête, le problème ou le truc qui vous turlupine, dans votre deuxième langue, et vous essayez de répondre à ce problème dans cette deuxième langue. Et là il se trouve que mes observations empiriques, certains résultats de recherche, montrent que tu vas avoir une espèce de tilt qui va te permettre de prendre la bonne option. Il y a deux hypothèses possibles, soit la première, c’est l’hypothèse analytique, quand tu penses dans ta deuxième langue, tu vas prendre un peu plus de distance, tu vas avoir une pensée plus délibérative, etc., et donc tu pends de la hauteur sur le problème, et les choses te sont plus visibles parce que tu es en hauteur, etc., et la deuxième hypothèse que je défends un petit peu plus, quoi que les deux se valent, c’est l’hypothèse émotionnelle intuitive. Quand tu penses dans ta deuxième langue imaginons que pour la plupart d’entre vous, la deuxième langue c’est plutôt l’anglais, en fait dans cette deuxième langue, tu bénéficies de moins de vocabulaire, le vocabulaire est moins touffu, tu as des tournures de phrases beaucoup plus simples, sujet verbe complément, les mots, il y a moins de triples, quadruples sens qui peuvent te perdre, et ça te permet de rester connecté à ton matériau premier, ton matériau émotionnel, à tes intuitions de départ. Et donc là, parce que tu as moins ce vocabulaire, il y a moins de verbiage, il y a une espèce de flou artistique que tu vas dissiper, et tu vas rester connecté à vraiment cette chose première. Peu importe finalement lequel de ces chemins, analytique ou émotionnel est le plus juste, le plus vrai, dans les deux cas, c’est le même terminus, on dit que quand tu penses dans ta deuxième langue, derrière, tu as une vision du truc, de la situation qui est plus claire,  tu as une clairvoyance qui arrive, et généralement tu optes pour la bonne option.

 

Comment provoquer sa chance, d’une certaine manière, il y a cette notion d’action, ne pas être dans la passivité,  parce que, je crois que c’est les mots de Philippe Gabilliet, la chance a horreur de la routine, donc il faut sortir de ça, ou sinon c’est du hasard.  Être dans cette relation aux autres, il y avait une notion de gentillesse, de bienveillance et d’une certaine manière, c’est cet oxymore d’être altruiste, mais par égoïsme, qui est important. Et être ouvert même à l’autodérision, et avoir un autre regard de la situation, pour avoir une pensée latérale, pour penser dans une autre langue, en tout cas pour voir les choses sous un autre prisme. C’est passionnant
Une dernière réflexion, quand tu écoutes les gens sur une situation de vie qui leur arrive, il y a toujours cette notion de dire, j’ai réussi parce que je suis bon, parce que je travaille, parce que je suis fort, beau, etc., et j’ai échoué parce que je n’ai pas de chance. Qu’en penses-tu ? et comment inverser cette croyance si elle est fausse
Il se trouve que quand ça ne va pas, quand tu échoues, généralement on reporte la faute sur l’environnement, sur l’extérieur, c’est la faute à pas de chance, c’est la faute à autrui, donc on rentre dans un processus de victimisation. Et ça j’en parle beaucoup dans le bouquin, et c’est vrai que quand tu es là-dedans la première chose que cherchent les gens, c’est l’attention d’autrui, de la compassion, de l’empathie, en fait ils cherchent de la chaleur humaine. Sauf que si tu es tout le temps dans ce registre de, je suis une victime, c’est la faute d’autrui, etc., au bout d’un moment, les gens, ça les embête, et ils n’ont plus envie de te voir, tu crées une distance, il va encore se plaindre, etc.  là d’ailleurs on propose toute une espèce de caisson, de caisse, pour se décontaminer de cette espèce d’idée qui rumine, qui tourne en boucle dans notre tête, et pour sortir de ce statut de victime, et il y a pas mal d’explorateurs qui me disent, en fait il faut renverser les rôles, un peu comme quand tu es attaqué par un lion, j’ai des gens qui avaient témoigné de ça, en fait tu ne prends pas tes jambes à ton cou, tu  ne fuis pas le problème, du l’affrontes, tu vas faire des mouvements amples avec les bras, tu  vas crier, tu vas même avancer vers le problème,  et ça, ça te permet finalement de résoudre le problème. Donc ça, c’est une première chose. Deuxième chose, je crois qu’il ne faut pas avoir peur de la défaite, et je trouve qu’aujourd’hui on est dans une société où on se met beaucoup trop la pression sur la victoire qu’on veut atteindre.  Il y a plein de youtubeurs, qui te disent, en 24 heures vous allez gagner votre premier million de dollars,  tu as des espèces de fausses promesses comme ça, et ça, c’est extrêmement dangereux, parce qu’à se fixer des objectifs de fou, qui dépassent même très propres envies. Tu parlais à un moment de petites victoires, et je suis très d’accord avec ça,  tu as des petites victoires, vers des moyennes victoires et après…  mais tu vas vers quelque chose qui correspond à tes valeurs, à ta volonté, à tes intentions, etc., mais si tu vises tout de suite un truc très haut, il y a de fortes chances derrière que déjà tu ne le décroches pas, et qu’après tu entres dans des dimensions extrêmement déceptives où tu vas te dévaloriser, tu vas perdre de la confiance,  ton estime de toi. Ma mère me disait toujours, la lune est bien accrochée je ne sais pas pourquoi tout le monde veut la décrocher, et elle a raison, il faut se fixer des objectifs qui résonnent avec ce dont on a vraiment envie, et ça nous permettra de gagner en confiance. Et c’est ça qui vient alimenter la chance.

Et l’autre truc qui à mon sens est essentiel, c’est qu’il faut relativiser aussi. Je parlais avant, du jeu, de l’autodérision,  on est un accident cosmique, l’être humain est un accident cosmétique, si aujourd’hui tu devais rembobiner le film de l’histoire de la vie de l’humanité, tu plantes la graine au même endroit, tu places les mêmes conditions,  la probabilité est extrêmement forte  que l’espèce humaine jamais n’apparaisse, jamais, et donc quelle chance d’être des bipèdes, capables de se socialiser, comme on le fait là c’est super, génial, mais aussi, il faut se dire qu’on a un CDD de vie sur cette  petite boule bleue, on a cette chance-là, au beau milieu de l’univers, de multiples univers d’être vivants.  Qu’est-ce que tu fais de cette chance-là ? Et il est court, ce CDD, qu’est-ce que tu en fais ? Est-ce que tu restes dans l’inaction ou est-ce qu’à un moment tu te bouges, tu changes le focus, si tu étais trop focalisé sur quelque chose de négatif, tu regardes tous les bénéfices cachés qui jalonnent ta vie, etc. Donc je crois qu’il faut relativiser,  et ne pas forcément se comparer à plus chanceux que soi.

 

c’est important et en plus le problème de la comparaison, c’est qu’on compare toujours notre intérieur avec l’extérieur des gens, et les gens communiquent souvent plus sur leurs succès et ça donne une illusion de la réussite, qui n’est pas adaptée. Ma première prise de conscience là-dessus, j’étais allé voir Social Network, le film sur Zuckerberg, et ma réflexion en sortant du film c’était, ce n’était pas plus compliqué que ça de créer Facebook ? Le film est tellement bien fait que n’importe qui aurait pu faire ça, mais en fait, pas du tout. On est dans une illusion et même quand on réussit, on ne montre pas ses temps faibles, ses échecs,  on ne montre pas le nombre de fois où il a fallu faire preuve de résilience, rebondir, se réinventer, utiliser ses échecs comme des tremplins
Tu sais que c’est plus facile de demander le pardon que la permission. Dans cette société, tu as des barrières sur tout, on ne t’autorise pas ça, en entreprise, en machin, surtout pas.  Je crois qu’à un moment il faut oser, tu oses, et à un moment tu oses et tu imposes, j’ai fait ça, si tu le sens , si c’est en résonnance avec toi-même,  il y a très peu de chances que tu te trompes, et au pire, tu demanderas pardon, on ne va pas te lyncher,  te foutre sur la place publique. À un moment si tu es vraiment en résonnance, si tu ne te mens pas à toi-même, et que tu as un truc fort en toi, vas-y, il faut y aller, et sans forcément suivre des choses , tout en restant éthique, dans le respect de l’autre, etc., mais tu as peu de chances de te tromper.

 

et l’échec est toujours plus court que les regrets donc…
Aussi

 

il vaut mieux y aller

Une dernière question pour finir, si le Christophe d’aujourd’hui rencontrait le Christophe d’il y a 20 ans,  quel conseil lui donnerais-tu ?
Il lui dirait, fais exactement les mêmes erreurs, parce que finalement tu continueras à être chanceux dans la vie. Et je crois que c’est toutes ces erreurs, tous ces échecs qui m’ont amené là face à toi, aujourd’hui je fais un métier qui est un métier passion, j’écris des bouquins,  c’est ma passion première, je parcours le monde, je rencontre des gens extraordinaires, si je n’avais pas eu ce parcours de vie avec tout ce qu’il comporte en termes d’erreurs, de fausses routes, etc., je n’en serais pas là. Donc je suis quelqu‘un qui est vraiment épanoui, qui a envie de partager. Je n’aurais pas envie de vivre la vie d’un autre, ma vie me va très bien, je ne me fixe pas non plus des objectifs qui ne sont pas en résonnance avec moi-même donc… Je lui dirais, vas-y, continue à faire les erreurs, fais les mêmes bourdes, tu verras.

 

je note que le contentement est une véritable vertu, savoir se contenter de ce qu’on a et du bonheur qu’on a.
Oui

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