Pourquoi sensibiliser ses enfants à la négociation ? Julie Crouzillac

Julie Crouzillac, 38 ans, j’ai trois enfants, 13,5 8,5 et 2 ans, la négo à la maison c’est un sujet qu’on connait.

Mon métier est de faire de la communication, des contenus pour le web, pour des sites, des évènements, des relations publiques. Et depuis 2016, je suis président d’une association ADN Kids, et notre mission est de partir à la rencontre des jeunes pousses, depuis les premières classes de primaires, CP CE1 jusqu’au lycée, et d’aller leur parler de négociation,  et c’est une activité bénévole, mais très exigeante, très stimulante aussi, c’est un univers que j’ai découvert complètement, et après il y a le concret de nos missions, les rencontres avec les enfants, le développement qu’on a depuis pas mal d’années, ce qui en fait une belle aventure.

 

On mettra le lien de l’association dans l’audio et la vidéo, je crois que vous avez des ambassadeurs un peu partout, l’idée est de prêcher, il y a la possibilité de faire des dons, d’être mécènes pour participer à ça
Tout à fait, il y a plusieurs volets dans notre organisation, on a des bénévoles partout en France et dans plusieurs pays, et surtout, notre intervention dans les écoles est 100 % gratuite pour les écoles, et c’est très important pour nous, on veut vraiment qu’il n’y ait pas un frein de ressources pour ça, donc 100 % gratuit, ce qui sous-entend qu’on a des mécènes que je  remercie parce qu’ils sont là depuis la première heure, et ils nous ont fait confiance et ont cru en notre idée. Et même si on n’est pas une entreprise on peut aussi faire des dons sur notre site, en achetant des bouquins, tous les droits d’auteur du bouquin dont on parlera sont reversés intégralement à l’association et on peut aussi rejoindre nos rangs et devenir aussi un bénévole

 

un bouquin très intéressant, petits, mais costauds, redonner confiance à nos enfants, coécrit avec Marwan Méry, et Laurent Combalbert. Ça doit être une sacrée aventure cette écriture de livre
Oui c’était une sacrée aventure parce que c’est arrivé en plein confinement, et que je venais d’avoir mon bébé, c’était en soi une aventure et dans le contexte encore plus. avec mes deux coauteurs, ça a été hyper intéressant, parce qu’ils ont porté avec moi depuis la première heure le projet, ils ont beaucoup contribué à en faire parler, à le mettre en lumière, en avant, et finalement le bouquin, c’était  un peu l’essence, la philosophie qu’on avait par rapport à notre action, la façon dont on voyait les choses aussi vis-à-vis de la jeunesse et de l’enfance, donc ça a été assez naturel, assez fluide finalement, et quand même, de bons moments d’échanges, parce que dans le livre on se questionne sur demain, et ça, c’était un exercice vachement intéressant de le faire par le prisme de la négo en particulier

 

Avant de se questionner sur demain, on va faire une petite photo d’hier. La relation parents enfants a pas mal évolué, on est d’une génération, la génération de nos parents grands parents où je me souviens, l’enfant n’a pas sa place, ni à table ni dans sa parole, les mœurs évoluent
Oui complètement, et pour faire écho à ce qu’on disait, aujourd’hui en 2022, on a, quand je dis on, c’est sans doute à titre individuel, en tant que parents ou adultes, mais on aussi de manière collective, porte un regard différent sur l’enfance et sur la jeunesse, et c’est vrai que ce qu’on partageait tout à l’heure, c’était une  réalité. C’est-à-dire que l’enfant n’a pas eu de droit jusqu’à très tard, au XXe siècle, pendant longtemps il a été considéré de manière très, en entreprise on appelle ça le top to down, l’adulte décide, décrète, l’adulte sait, et l’enfant tempère, sur un fond évidemment de rapports violents, que ce soit psychologiquement, physiquement aussi, on appelait ça les… quand on battait les enfants en pensant bien faire, en pensant bien les éduquer (les punitions pédagogiques). Et ça, on se rend compte par le travail que font beaucoup d’associations, qu’il y a ce travail de fond sur la violence, le fait que l’enfant est une personne vulnérable, ça sous-entend que l’adulte a une responsabilité accrue, vis-à-vis de sa sécurité, ses soins et son développement, et le pendant de tout ça est aussi que si on doit en prendre soin, faire attention à lui, et bien le traiter, on doit aussi l’écouter. C’est tout le phénomène qu’on voit, même si on n’est pas encore dans une situation complètement satisfaisante, c’est tous ces phénomènes de libération de la parole qu’on a, sur le 119 enfance maltraitée, les grands mouvements qui se libèrent autour des violences sexuelles, des violences psychologiques des enfants, etc.

Donc pour revenir à ce que tu décrivais, si on fait une photo d’hier et d’aujourd’hui, il y a quand même toute une lame de fond qui a évolué et fait évoluer la société et qui nous fait évoluer dans le regard qu’on porte en tant que parents dans le sens plein du terme, pas que le père ou la mère, mais même dans le rapport avec les grands-parents, la famille, le système éducatif, c’est différent aujourd’hui

 

 

 

J’ai l’impression aussi que les travaux scientifiques ont aussi pas mal évolué sur les prises de décision, sur la manière dont fonctionne le cerveau, et on se rend compte que la punition, la fessée, mettre au coin un enfant, ça n’était pas productif, même d’un point de vue scientifique pour le développement de l’enfant.

On parle aussi plutôt de pays qui sont plutôt développés, malheureusement dans certains pays, l’enfant n’a pas encore cette place totalement, au même égard que ce qu’on peut connaitre en France

En occident en tout cas, oui

 

Cette relation parent enfant évolue, nous, on parle de négociation, c’est quoi la place de la négociation dans l’éducation ? il y a des choses qui sont non négociables, tu as parlé de soin, de sécurité, de santé, ce n’est pas négociable, c’est quoi la place de la négociation dans ce rôle d’éducation ?
C’est une bonne question ! qu’on pose d’ailleurs dans le livre, faut-il négocier pour éduquer.  C’est une question vachement intéressante, parce qu’elle a plein de facettes, la première c’est celle que tu viens de décrire, et je pense que tous les gens qui écoutent et font de la négociation savent que parfois en négociation, il y a ce qu’on appelle le non négociable, et ça, c’est une partie qui est importante, parce que notre démarche ne s’inscrit pas dans un truc ultra laxiste, ultra permissif, tu parlais des études scientifiques, on sait aussi  qu’élever des enfants dans une permissivité à outrance, c’est délétère pour l’enfant parce que tout être humain qui se construit a besoin de cadre,  de limites et que certaines limites ne bougent pas. ça, c’est vraiment la première chose

 

un enfant sans cadre est un psychopathe en devenir
Oui parce que c’est hyper insécurisant d’avoir zéro limite. Souvent quand j’ai la chance de rencontrer des groupes de parents, etc., je fais souvent la comparaison avec , si on te fait dormir dans un lit immense et que tu n’as pas vu où étaient les rebords du lit sans barrière, tu n’arriveras pas à dormir, parce que finalement, tu as toujours cette insécurité qui fait que tu as le sentiment que tu vas tomber. Et en fait, quand on se projette dans l’éducation, c’est la même chose, il y a des choses qu’on ne doit pas négocier, pour une première bonne raison qui est que quand on est parent d’un enfant, et vraiment dans le sens large du terme, c’est la loi qui dit qu’on doit prendre soin d’un enfant, et le soin c’est évidemment sa sécurité physique et son intégrité, sa sécurité psychique, et après tout ce qui va être lié à ce qu’on peut appeler de la négligence. Un enfant on doit le vêtir de la bonne façon selon la saison, on doit lui donner à manger en fonction de ses besoins, ça c’est la loi aussi, et c’est ce qui a évolué ,et qui fait qu’aujourd’hui,  d’abord on ne doit pas le négocier, mais c’est plus qu’un principe éducatif, c’est notre responsabilité en tant que parent. Et ensuite, nous on aime bien ce terme de négociation pour deux autres raisons, la première c’est que ça teinte la relation de quelque chose de différent, quand on met de côté ces champs du non négociable, la sécurité, le sommeil, les écrans, l’alimentation, l’intégrité physique. Ça veut dire qu’on accepte de se mettre dans une relation où ce que l’autre va dire aura de l’importance pour nous,  on ne dit pas encore une fois que c’est l’enfant qui a le dernier mot sur tout, négocier  ça veut dire aussi, accepter qu’il y ait un désaccord, prendre le temps d’écouter de manière réelle, parce qu’on le fait tous, parfois les enfants parlent beaucoup, et on dit mmh, mmh,  mais là c’est vraiment se dire, OK j’écoute, je cherche à comprendre quelles sont ses motivations,  et parfois on pourra arriver à trouver un compromis ou à satisfaire une demande et parfois on ne pourra pas, et si on ne peut pas il n’y a pas  de problème avec ça. C’est dans ce sens-là qu’on utilise le mot négociation

 

négocier n’est pas forcément céder, c’est prendre en considération la parole de l’autre
Bien sûr

 

et donc le reconnaitre en tant qu’individu
En tant qu’individu, et là où moi à titre personnel je trouve que c’est un levier qui est ultra puissant dans l’éducation, c’est qu’on est à une ère ambivalente aussi. Au XXIe siècle tous les jeunes parents veulent des enfants qui , à deux ans, font de l’anglais, de l’éducation musicale, sont dans la surperformance, ça parlera à tout le monde, et c’est naturel, on fait des enfants, on veut le meilleur pour eux, on veut compenser ce qui a pu manquer à notre jeunesse, ce qu’on imagine aussi de manière fantasmée le mieux pour eux et parfois le mieux est l’ennemie du bien,  et on se dit OK, mon enfant doit performer, etc. Et de manière très ambivalente, à la fois on est en attente d’une performance, d’un résultat de la part de ses enfants,  et en même temps, contrairement aux éducations des années 80 90 où on avait le choix d’expérimenter un peu plus, on est sur quelque chose d’ultra protecteur. Si je synthétise, j’ai le sentiment qu’on attend de nos enfants beaucoup de performances, réussir au premier coup, être audacieux, oser, mais en parallèle on leur coupe les ailes, parce que, attention,  ça tu ne peux pas le faire, tu as un truc à dire, mais tu n’as rien à dire, tu es un enfant, etc. Et la négociation, prétexter la négociation finalement ça sous-tend de la cohérence, c’est-à-dire OK, j’ai envie que tu sois quelqu’un qui ose dire les choses, et quand tu oses, je suis là et je t’écoute. Encore une fois ça ne veut pas dire que je te donnerai raison à 100%, mais ça m’aide à te comprendre d’une part, parce que quand on devient parent, on n’a pas le mode d’emploi des enfants. Je trouve que c’est aussi encourager la parole, et en se détachant des injonctions ou des incantations, où on peut dire, il faut que les enfants parlent, oui OK, il faut, il faut, mais il faut créer un climat et c’est à l’adulte de créer ce climat et de se mettre à l’écoute de ces petites voix. Et ça ne veut pas dire que parce que le gamin nous dit qu’il veut reprendre du chocolat, il le fait pour nous provoquer et que c’est un non direct, il demande peut-être un gouter de plus parce qu’il a faim, à ce moment-là il peut prendre une banane ou une compote. Mais tu vois, ça ouvre, je trouve, la discussion et moi je trouve qu’en tant que parents, ça nous fait nous sentir dans quelque chose de plus riche dans ces échanges

 

tu soulignes un paradoxe, d’un côté on a envie d’avoir un enfant qui a un libre arbitre dans sa façon de penser, et d’un autre côté, on aimerait que quand on leur demande de faire quelque chose, ce libre arbitre disparaisse totalement
Oui tu imagines le paradoxe !

 

la notion de performance est aussi quelque chose de différent, on a tendance à donner à nos enfants ce dont on a manqué, ce qu’on aimerait, mais est-ce le mieux pour eux, pour nous, peut-être qu’on a des chemins de vie différents de nos enfants, nous on essaie de réparer quelque chose, et eux essaieront de réparer autre chose, de leur côté. Est-ce qu’on est plus heureux quand on est performant ?
C’est une grande question, et de toute façon à la limite c’est du cas par cas. Il y a peut-être des enfants à qui ça sera hyper épanouissant d’enchainer après l’école la musique, le sport la danse, etc. il n’y a pas de sujet là-dessus je dis juste que quand le petit, on se plaint qu’il est infernal, mais qu’il fait des journées de 7h du mat à 7h du soir, alors que ce qu’il veut surtout, après l’école, c’est être à la maison et jouer, c’est peut-être là qu’il faut l’écouter. Et je trouve aussi que la négociation, quand on se met dans ce rapport-là à l’autre, ça nous permet de nous mettre dans une approche qui n’est pas définitive. Parfois, dans l’éducation, je trouve qu’on se dit, si à 4 ans il ne fait pas ça, c’est mort pour toujours, mais en fait non, peut-être que dans un mois et demi les choses évolueront et tout sera différent, mais tout ce petit tricotage de, dis-moi les choses, raconte-moi ce qu’il t’arrive, explique-moi où  tu en es,   n’est plus à double sens, c’est-à-dire que moi aussi en tant que parent, quand je suis hyper fatiguée, hyper énervée, hyper contrariée, je peux dire à mon enfant, là,  maman a eu une grosse journée, je suis fatiguée, je suis énervée, donc… et étonnamment, c’est l’expérience que j’en fais avec les miens, ils sont à l’écoute, et ils comprennent. Et là c’est pareil, ça veut dire qu’on refait baisser la pression, et on l’a tous vécu, ces soirées d’énervement parce qu’on est crevé, contrarié, frustré de certains sujets de boulot ou persos, et qu’on a les petits sous la main qui pressentent cette espèce de tension électrique, mais qui ne la comprennent pas, et ça se finit dans les ??où tout le monde est énervé, et à la fin de sa journée, en tant que parents, on n’est pas super contents de nous quand ça se termine comme ça

 

Avec nos proches, nos enfants nos conjoints, généralement on est peu dans l’empathie, on est plus dans une notion de sympathie un rapport à l’autre qui n’est pas toujours très lucide et s’ils sont énervés, on est énervé et vice et versa. C’est ça un peu ce que tu disais
Déjà les enfants, on le dit souvent, c’est quand même des éponges, même s’ils n’ont pas le texte et les dialogues de ce qu’il se passe, ils sentent quand on est tendu, et nous on le ressent aussi forcément vis-à-vis de nos pairs. Ce que tu décris est juste, pourquoi on est en sympathie, parce qu’il y a du sentiment, de l’amour, c’est ce qui décuple complètement ces états-là de stress, d’énervement, etc., et l’empathie, j’ai le sentiment, en tout cas pour le travailler dans l’asso avec les enfants quand on fait les ateliers et pour avoir mis en place un peu ces bonnes pratiques, ce n’est pas parfait, mais je me rends compte, quand je dis à mon petit, il est encore petit, mais même avec lui on le verbalise, mais ma fille qui a 8 ans, on l’a toujours élevée en lui disant, qu’est-ce que tu as ? Raconte ? Je suis énervée, machin, et comme tous les êtres humains, si quand tu es dans cet état-là, tu as quelqu’un qui te dit, sans te juger en plus, que tu peux poser ton sac à dos là, déjà, pfff tu parlais du mieux être finalement, mais déjà, tu le ressens. Après, on discute, il y a des trucs qu’on peut régler, d’autres qu’on ne peut pas régler, il y a des choses aussi, c’est la vie, parfois tu es énervé, frustré, pas content, mais c’est comme ça , et c’est aussi un apprentissage de la vie que d’être, comme on l’est nous aussi en tant qu’adultes, parfois on fait des choses qu’on n’a pas envie de faire, c’est le jeu. Donc ça c’est naturel, et j’ai tendance à penser que d’être dans ce double discours, dis-moi où tu en es, je t’écoute, peut-être que je ne peux rien faire, mais au moins je t’aurai écouté, et moi je te dis où j’en suis,  déjà, ça tisse quand même, on parle beaucoup de la confiance, mais ça passe par tout ce petit travail de fourmi au quotidien

 

dans ce que tu dis, écouter sans juger, c’est une reconnaissance de l’émotion de l’autre, qui est forcément légitime, de son enfant dans ce cas-là,  c’est peut-être la matérialisation de cette émotion qui peut causer de la colère, de la tristesse, etc., et c’est une parenthèse d’accueil, qui va l’aider lui-même à mettre des mots sur ce qu’il vit, et qui va commencer par de l’empathie pour soi, c’est ça ?
C’est complètement ça, et dans les ateliers qu’on fait avec les écoles, il y en a un premier qui s’appelle parler plutôt que crier, le cœur de cet atelier, c’est les émotions et les émotions c’est passionnant. Beaucoup de scientifiques ont travaillé là-dessus, toi-même tu connais bien le sujet pour le traiter sous l’aspect négo chez les adultes, les émotions c’est un mécanisme naturel dans notre cerveau, avec des décharges neuronales, hormonales, etc.  Quand on est un adulte, on a tous fait cette expérience de parfois se prendre un coup de sang, et on les sent toutes ces sensations, la colère qui monte, cette espèce de fourmillement qui arrive et cette décharge-là, donc ces mécanismes-là qui sont irrésistibles, parce qu’encore une fois ils sont idiosyncrasiques, inscrits en nous depuis la nuit des temps, avec une   réelle utilité, c’est Paul Ekman qui a travaillé sur le sujet, qui reconnait 6 émotions universelles et qui dit, derrière chaque émotion il y a un levier de survie de l’espèce qui se met là-dessus, tout ça, c’est l’héritage qu’on a reçu. Mais en tant qu’adulte, on se rend compte que ce n’est pas toujours évident de le processer, mais quand on est en plus un petit enfant, on n’a pas du tout la maturité des différentes zones du cerveau, pour être capable de se dire,  OK là je suis en colère parce qu’il a dit un truc qui est l’inverse de ce que je pense, donc j’ai un besoin de rétablir une situation. Chez l’enfant, il faut vraiment imaginer que c’est une sorte de feu d’artifice dans sa tête, et que finalement,  c’est ce que tu décrivais, il y a 50 ans, on mettait une bonne raclée aux gosses,  donc effectivement  les émotions s’inhibaient parce que par la force physique et la domination, on arrivait à avoir la soumission des enfants, aujourd’hui on est plutôt dans une phase où  on leur explique, tu te sens en colère parce que tu ne veux pas aller  au lit mais on t’impose d’y aller, tu es frustré, c’est normal, néanmoins c’est  comme ça. On replace le cadre là-dessus, et on lui explique ce qu’il se passe. Et quand on est avec les petits dans les ateliers, ce qui est vachement intéressant, globalement sur les ateliers des émotions, on a 70 % des gosses qui nous disent, moi l’émotion que je ressens le plus, c’est la joie, on a 20 % qui nous disent, moi c’est la colère, je suis tout le temps en colère, je suis énervé, j’ai envie de tout taper, de tout jeter, etc., et on a 10 % qui nous disent, c’est la tristesse, mais déjà ils sont capables de nommer un état qui  les affecte, et tu verrais dans leurs yeux, tu rencontres des gens, tu les formes, tu le sens, quand les gens commencent à… tu le  vois dans leurs yeux, ils viennent de comprendre un truc, ils viennent de comprendre une clé sur eux, à partir du moment où tu comprends ce qui est en train de se passer en toi, que tu es capable de dire, je suis en colère parce que ci et ça, tu es sur la voie pour essayer de casser cette spirale délétère des émotions qui, de légitimes, deviennent des émotions dégradées quand elles ne sont pas traitées et qu’elles s’enkystent intérieurement

 

ça renvoie au fait que les émotions c’est quelque chose qu’on subit,  elles sont agréables ou désagréables mais ont forcément une utilité, elles permettent de mettre le corps en mouvement. Être capable de mettre des mots, je suis en colère parce que, ça donne un cadre à cette émotion, et ça ne fait pas de nous cette émotion, je ne suis pas colère, je ne suis pas tristesse, je suis en colère parce que cette situation, ça veut dire que si la situation évolue, ou si mon regard évolue sur la situation je n’ai plus de raison d’être en colère, triste, etc.
tu aurais des tips, des astuces, je suis un parent, et mon enfant subit son émotion dans un hubris total, il est envahi, il ne peut plus se contenir,  la pire des choses à faire est de lui dire calme toi alors qu’il est incapable de le faire
Complètement, ce qu’on fait tous évidemment en tant que parents !

 

et malheureusement moi le premier, je ne m’écoute pas, mais dans ces moments qui peuvent arriver à la limite de ma patience, tu aurais des astuces à utiliser pour que l’enfant apprenne par lui-même, au moment où il va se faire submerger par cette émotion, une manière de la contenir et de la transformer ?
La contenir, ça me parait compliqué parce que l’émotion, il faut qu’elle sorte, si tu la contiens ou l’inhibes, le risque c’est temporairement une accalmie, mais au final ça fait le lit de comportements beaucoup plus délétères à terme.

Ce que j’ai appris avec ADN Kids, c’est qu’il y a des phases critiques,  et il y a des phases où on peut se dire, j’ai l’impression, je suis le parent, je te sens énervé, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui ne va pas,  je n’incrimine pas l’autre, je ne lui dis pas, qu’est-ce que tu as, arrête de gigoter, donc j’ai l’impression, mais comme on le fait avec un adulte en fait.

 

laisser la parole à l’autre
Exactement, je t’ouvre la porte, de ce que je vois, tu vis quelque chose qui est difficile pour toi, raconte-moi. C’est là où quand ça n’est pas trop critique et ça dépend aussi de la nature de l’enfant, on peut arriver à dire, raconte, je t’écoute et c’est ce dont je parlais, on a ce vidage de verre, tu parlais d’être envahi par ses émotions, on appelle ça l’embrasement émotionnel, c’est vraiment le sentiment que le cerveau s’embrase et est inondé de ces hormones-là.  Et finalement, il y a quand même un mécanisme physiologique derrière ça, c’est-à-dire qu’à l’embrasement émotionnel, qui est de la décharge électrique, de la décharge hormonale, en venant solliciter une partie du cerveau qui va faire appel  à la raison, à l’organisation des mots, au vocabulaire, je vais mécaniquement, je vulgarise à fond parce que c’est très scientifique et ce n’est pas mon domaine, mais c’est ce que nous  on  en a compris en travaillant les ateliers avec l’équipe, c’est qu’au lieu de venir souffler sur les braises de cet embrasement émotionnel dans mon cerveau,  je vais aller mobiliser d’autres zones qui vont, par la mise en route de ces zones cognitives, faire baisser ce flot-là. Et d’ailleurs quand on est un adulte très énervé, si quelqu’un nous tend la perche et qu’on a la possibilité de balancer comme ça notre flot d’énervement, déjà physiquement on sent un mieux-être.

 

 

 

 

 

c’est ce qu’on appelle la ventilation des émotions dans le process de négo, c’est les travaux de Liberman en 2002, qui montrent que si on réactive une partie qui est plus analytique du cerveau, la partie limbique diminue, physiologiquement, cette émotion tend à se stabiliser. Ce qu’on va faire chez un psy avec un focus interne, c’est le fait de mettre des mots là-dessus. C’est vraiment la volonté d’accueillir la parole, sans jugement ce que tu me dis
Exactement, ça, c’est quand ça n’est pas trop critique. Et vraiment quand c’est critique,  parce qu’il faut aussi admettre que parfois on est très énervé, mais je garde vraiment cette comparaison avec les adultes, à ce moment-là il faut s’organiser un petit temps, un petit truc, pour que ça sorte. J’ai une anecdote avec ma fille à l’époque elle devait avoir 4 ans, et on avait pris l’habitude, quand c’était vraiment trop fort, elle allait dans sa chambre, se mettait sur son lit et pleurait, elle avait trouvé son truc. Évidemment c’était sécure pour elle, et on lui disait, va décompresser, ça durait 40 secondes, mais on lui avait donné cet espace pour que cette espèce d’énervement puisse sortir. Et une fois, c’était hyper drôle, à l’heure du repas du soir, je l’appelle, et je demande à son frère ainé, où est ta sœur ? Il passe une tête dans sa chambre et la petite de 4 ans se retourne et lui dit, donne-moi 30 secondes, je décompresse. Et elle se met à crier dans son truc, finalement c‘était aussi une bonne  leçon que de se dire, parois il y a la phase des mots qui aide, et parfois il faut admettre que tu as besoin, comme nous adultes, d’aller courir,  de passer un moment pour te défouler, et je pense qu’avec un enfant il faut arriver, surtout les petits qui n’ont pas encore la parole, ce n’est pas évident, mais ils comprennent quand même tout ce qu’on leur dit, donc moi je préconise, le petit qui a deux ans, parfois je le mets dans sa chambre et je lui dis, prends un moment pour toi, tu décompresses, tu peux jeter les coussins si ça  te fait du bien, et tu reviens voir maman quand ça va un peu mieux, maman est là, et elle t’écoutera. Et je pense que c’est exutoire et libérateur pour lui

 

tu permets d’avoir un sas où ton enfant puisse vivre totalement son émotion, elle n’est pas interdite, et quand tu me dis ça, j’entends beaucoup de parents, qui n’aiment pas voir leur enfant pleurer, ne pleure pas,  tu es un grand, tu es un garçon, et en fait c’est nier l’émotion, et le fait de pleurer a une véritable utilité, ça permet de sécréter je ne sais plus quelle hormone
C’est l’endorphine, qui console

 

Avec mon fils, quand je lui dis, tu peux pleurer, quand je le prends dans mes bras, il pleure encore plus abondamment, mais il se sent totalement dans cette zone de sécurité, à sa place, et après on a un dialogue beaucoup plus serein, calme, apaisé
Bien sûr, l’émotion a été purgée, et c’est ce que tu décris très bien,  de la même façon que quand on est surpris ou joyeux, on éclate de rire bien volontiers, et ça ne viendrait à l’idée de personne de dire, arrête d’éclater de rire comme ça ! et le chagrin, ou l’énervement, c’est exactement le même mécanisme, et là où je te rejoins dans ce que tu décris, c’est qu’on sait de manière scientifique, qu’une émotion qui est reniée, arrête de pleurer,  de t’énerver, ça ne fait que s’enkyster finalement, et après  on appelle ça des émotions délétères. Ça c’est vachement intéressant, parce qu’on a dit, une émotion est légitime, je ressens de la peur parce qu’il y a un danger pour moi que j’identifie comme tel, donc j’ai une série de réflexes qui se mettent en route. Si à chaque fois que j’ai peur d’un truc, parce qu’on a des natures différentes les uns les autres, tu as des gens qui n’ont peur de rien, et tu as des gens un peu plus craintifs, et quand tu as un enfant un peu craintif, si tu passes ton temps à lui dire, n’ai pas peur, ça ne sert à rien, tu es peureux et toute la cohorte qui va avec et qui sape à fond toute l’estime que tu peux avoir de toi, ça s’enkyste et tu te retrouves avec des enfants qui deviennent phobiques de plein de choses,  parce qu’à un moment, là où la peur était légitime pour eux dans l’appréhension qu’ils avaient des choses, leurs ressources face à une situation, on les a reniés dans ce truc-là, et ça s’est inscrit comme ça. Sur la peur c’est intéressant aussi, quand je te disais, 20 % des gamins qu’on a en atelier nous disent, j’ai de la colère, la colère c’est pareil, sa genèse c’est, je réagis de manière agressive parce qu’on envahit mon pré carré, et si je reviens à l’époque des hommes préhistoriques, c’était plutôt sain,  je me fais envahir, je me défends pour préserver mon pré carré.

 

c’est une énergie mobilisatrice
Oui complètement, comme toutes les émotions d’ailleurs, mais si ce truc-là, à chaque fois  que tu veux te défendre, on te dit, tu arrêtes, tu t’assoies, tu ne bouges plus, déjà tu génères une frustration qui est colossale, surtout quand c’est un petit enfant avec un cerveau pas fini, et surtout tu viens enkyster l’émotion dégradée de la colère qui est de la fureur, et la fureur ce n’est pas du tout, je me défends si je suis envahi, c’est j’ai envie d’envahir tous les prés carrés des autres et donc tu te retrouves avec des gens, des enfants en l’occurrence, qui ont un cerveau en ébullition et qui voient tout par ce prisme-là, et qui se retrouvent à toujours être en train  de pousser, de bousculer, de taper, de renverser, parce que c’est la matérialité de ce truc intérieur qu’ils n’arrivent ni à nommer, ni à identifier ni à purger. Tu imagines à quel point ils sont enfermés finalement dans cet état, c’est vachement difficile pour eux.

 

d’où le fait de ne pas dire que l’émotion est positive ou négative, elle est agréable ou désagréable, mais elle a forcément une utilité
En tout cas sur les 6 émotions que la communauté scientifique reconnait comme universelles, parce qu’après il y a plein  de dérivés qu’on nomme comme les émotions, mais Ekman travaille sur la joie, la peur, la surprise, le chagrin, le dégout, la colère, et il me semble que ses équipes ont ajouté le mépris en 7e émotion, le mépris c’est un peu la même chose que le dégout, mais finalement derrière tout ça,  on retombe sur ce qu’on disait, qui est encore une injonction paradoxale, c’est-à-dire qu’on veut nos enfants sociables, qui naviguent dans des groupes, etc., mais par contre on les inhibe à fond sur les émotions, alors que ça compte aussi l’émotion qu’on ressent, quand on n’est pas à l’aise avec quelqu’un, quand on va être méfiant sur un sujet, c’est qu’il y a plein de petits signaux d’alerte sur nos intuitions, sur nos instincts, qu’on a en étant petits, qui vont être coupés. Donc je trouve aussi que c’est dommage

 

Quand tu te dis que l’émotion est positive ou négative, le risque est de couper ses émotions pour éviter de les vivre et donc de te couper de toi-même
Bien sûr,  et ce qui est vachement intéressant c’est la dissociation du jugement aussi. C’est-à-dire que ce n’est pas parce que tu es en colère que tu es une mauvaise personne, ce n’est pas parce que tu as peur que tu es quelqu’un de nul.  Parce que si on en identifie des positives et des négatives, ça veut dire que si tu as des émotions négatives, ça fait de toi une mauvaise personne, une personne pas assez ci et ça, mais ça n’a rien à voir. Et pour les enfants, depuis 2016 où on le fait c’est vraiment un atelier où on passe du temps et où on sent que ça leur donne des clés, et quand on a les retours d’expérience à froid des maitresses d’école, des parents qui nous écrivent beaucoup, tu te rends compte que quand tu choisis de te dire, OK on peut essayer les émotions, de mettre ça au centre de notre quotidien, les maitresses te disent, tu as des classes un peu plus apaisées, les enfants ne sont pas parfaits, ce n’est pas le sujet, mais quand ça commence à partir en vrille, tu en as toujours un qui dit je suis énervé parce qu’il a fait ça, ou parce que ce que je voulais, c’était ça. OK, à partir de là on est capable de comprendre de quoi on parle, et on peut parler tous ensemble.

 

quand j’accompagne des groupes sur la négociation, il y a toujours quelqu’un qui dit, avec mes enfants je ne négocie pas, c’est comme ça, et effectivement la négociation c’est chronophage, sur certains sujets on abandonne son pouvoir de décision, on le remet entre l’enfant et nous, mais ce n’est pas de la faiblesse. Si on veut le meilleur pour nos enfants, les aider à  mettre des mots sur ce qu’ils ressentent, les aider à garder une forme de libre arbitre, à communiquer, ça fait qu’on va gagner énormément de temps de façon égoïste en tant que parents sur le futur, mais surtout pour notre enfant, on les aide à devenir de meilleures versions d’eux-mêmes
Oui complètement, et  moi aussi je l’entends souvent quand je dis, on forme les enfants à la négo, on me dit, non mais ils n’ont pas besoin d’être formés, et c’est vrai, justement je dis, si votre enfant a des  velléités à la négociation, encouragez-le, parce que c’est une chance dans la vie d’avoir un enfant qui ose demander, qui ose. Là tu as complètement raison, et là où je te rejoins aussi, c’est qu’en fait ce n’est pas une histoire de faiblesse ou pas de faiblesse,  c’est vraiment une histoire de, comment on a envie d’être dans cet… et c’est ce qu’on dit dans le livre, je partageais cette vision-là avec les deux coauteurs aussi, c’est finalement comment on conçoit la parentalité, est-ce qu’on a envie pendant 8 ou 10ans, d’être une sorte de colonel 5 étoiles qui dit comment on doit manger, comment on doit dormir, etc., ou est ce qu’on se dit, finalement j’ai un petit enfant dont j’ai la responsabilité sur les premières années de sa vie, comment je l’arme de la meilleure façon possible pour qu’il reste critique, pour qu’il sache faire la différence sur  tout, tu  vois l’époque dans laquelle on vit, les fake news, les biais de confirmation, c’est vachement difficile d’évoluer dans ce monde-là, comment j’arrive à muscler leur esprit pour être toujours curieux, aux augets, contradictoires, et c’est vrai qu’il y a un temps où c’est un peu éprouvant quand ils sont petits, parce que ça nous prend beaucoup d’énergie, mais je vois aussi que les gens qui font ce pari-là se retrouvent globalement avec des enfants de 6, 8, 10, 15 ans  qui sont dans des relations de dialogue. Encore une fois ce n’est pas magique, ni parfait, mais le fond de la relation est sur le fait qu’ils savent qu’ils peuvent venir te trouver, ils savent que quand il y a un problème, ils le disent, et  tu t’éloignes quand même de comportements qui sont un peu délétères pour eux aussi, parce que quand tu as une échappatoire et que tu sais que tu peux dire, et encore une fois ce n’est pas l’idée du parent meilleur ami, pas  du tout, mais ce que tu leur inculques à 4, 5 ou 6 ans, à 15 ans, ils sont aussi capables de le mettre en place avec un professeur, un entraineur de sport, avec un parrain une marraine, peu importe, ils se mettent dans un rapport au monde et un rapport aux choses qui est de se dire, finalement,  ma voix compte, et je peux aussi faire changer le cours des choses. Et de toute façon, l’histoire dont on parle sur les limites, c’est valable les 15 18 premières années de leur vie, après ils sont des adultes. C’est pour ça que je dis,  il y a dans la négo des choses non négociables sur lesquelles il ne faut pas transiger, mais je trouve que d’être très ferme sur ces limites-là, ça donne tout un champ qu’on peut coécrire ensemble, sans se dire, je cède, je suis faible ou… je ne crois pas que ça se joue là. Et un truc qui est aussi important à mes yeux, on disait tout à l’heure, on n’a pas de mode d’emploi quand on devient parent, et en fait c’est aussi accepter de se dire, un peu humblement, en fait il m’apprend aussi à devenir un parent, devenir une mère, un père, parce qu’à un moment, moi je n’en sais rien pourquoi il fait ça comme ça, pourquoi, et c’est aussi se mettre dans une position d’écoute, de compréhension et de toujours, c’est ça la parentalité, c’est une ligne de crête et on essaie toujours de faire les bons arbitrages en fonction de la situation, mais ça nous permet aussi de vivre cette aventure de manière la plus enrichissante qui soit, je trouve.

 

et généralement on n’est pas le même parent avec le premier qu’avec le second,  ça veut bien dire qu’on apprend
Oui on apprend, et les enfants sont aussi différents.  Ils sont différents, entre eux, mais tu dois le voir avec le tien aussi, c’est-à-dire que le petit enfant que tu connaissais quand il avait deux ans, à quatre ans ce n’est plus le même , il a grandi, sous l’influence de ce qu’on lui a transmis, de ce qu’on lui a fait vivre, de ce qu’on a permis de révéler chez lui, et c’est là où je trouve qu’on a un vrai rôle à jouer, nous en tant qu’asso, parce que parfois tu as des familles où ça fonctionne bien, où il y a du dialogue, beaucoup d’amour et de respect, et parfois tu as des familles où c’est un peu plus dysfonctionnel. Et on a aussi des gens qui nous disent, vous êtes les premiers à nous parler du fait que j’ai le droit en tant qu’enfant, à 8 ou 10 ans de dire ça, de ne pas accepter ça.  Tout ce dont on parle depuis tout à l’heure, ça sous-tend des choses de fond qui sont structurantes,  parce que quand un enfant, on parlait du libre arbitre, il n’en a aucun, quand on parle des violences physiques, sexuelles, etc., comment tu veux, quand tu es un enfant, savoir que ce truc-là tu n’as pas à l’accepter si on ne t’a jamais dit qu’en tant qu’enfant, il y a des choses que tu pouvais ne pas accepter, des choses où tu avais le droit de donner ton avis, etc. Et je trouve que pour les adultes derrière, ça a des répercussions qui sont très fortes aussi, et chez les femmes en particulier, il y a toute une inhibition de plein de choses, et on sait aussi que sur la partie carrière par exemple, les femmes osent moins demander des choses parce qu’il y a toute une partie qui est intériorisée. Et on y travaille et ça évolue, mais, petits, mais costauds, effectivement ils sont tout petits, mais quand même ils encaissent bien, et ça montre à quel point ces traces de la vie, les 12 15 premières années, elles sont structurantes pour ce qu’on deviendra plus tard, pour soi de manière individuelle évidemment, mais  pour le collectif aussi, parce que si tu n’as que des gens incapables de ventiler une émotion, de discuter, qui tout de suite partent en vrille,  tu n’as pas la même société ou collectivité que si, sans être naïve sur un monde idéal, que si tu  as des gens qui disent, là on n’est pas d’accord, parlons de ce qui n’est pas d’accord, peut-être que ça restera en l’état, mais dans la façon de faire, dans la forme, ça compte.

 

et tout se joue sur l’éducation. Par rapport à la négociation avec les femmes, on avait fait un podcast et on se rendait compte que dans notre perception la négociation n’est pas genrée, il n’y avait pas de différence d’un point de vue morphologique ou sur la partie neuroscience, mais que tout se jouait sur l’éducation
Bien sûr, et les croyances

 

exactement les croyances qui arrivent sur l’éducation. Le petit garçon, généralement il a une éducation où on va mettre en avant la performance , et les sports sont liés à la performance, les activités de loisir aussi, et les filles c’est plus dans la beauté du geste, avec des activités comme la musique, la danse, et qui ne sont pas liées à une performance, et  ce type d’éducation, c’était ça qui était enfermant sur la suite, et donc si on permet aux enfants, quel que soit le genre, de mettre des mots, je pense qu’on peut tout dire, c’est la manière dont on le dit qui est importante, mais leur faire comprendre qu’ils ont le droit de tout dire, c’est génial, parce qu’après quand il y a des comportements qui ne sont pas dans la norme avec un adulte, ça leur permet de savoir qu’ils vont avoir un endroit pour parler, pour se faire écouter, et que ce n’est pas de leur faute, forcément, ils ne sont pas responsables de ça
Est-ce que sur des enfants que tu as en bas âge sur l’association, il y a des qualités, des compétences comportementales, tu as parlé de curiosité, que vous essayez de mettre en avant, qui peuvent être  la ténacité, on aime bien dire aux enfants d’être curieux, mais on n’aime pas qu’ils le soient avec nous, on en revient sur tout le paradoxe, sur la génération de mes parents, je me souviens d’image d’enfants, parce qu’ils avaient demandé quelque chose à leurs parents, la réponse était, maintenant que tu viens de le demander, tu ne l’auras pas,  c’est tellement incroyable parce que si tu ne demandes pas, tu n’as pas et encore plus en négociation, l’autre n’est pas mentaliste, il n’est pas responsable de lire dans ton esprit ce que tu pourrais demander, donc on ouvre une boite de pandore en donnant ce super pouvoir à nos enfants, mais quel pouvoir ils vont pouvoir utiliser
Est-ce qu’il y a des compétences sur lesquelles on peut encourager nos enfants à travailler, à développer, qui vont les aider ?
Oui, mais bien souvent c’est des qualités, des compétences qu’ils ont déjà. Si tu repenses à ton petit quand il était petit, il est très curieux sur la marche du monde, et la curiosité, et on en parle dans le livre, c’est un des drivers qui fait que si tu es curieux, ça veut dire que  tu regardes les autres, le monde, tu cherches à comprendre, ça veut dire aussi que quand on te livre une information toute prête à penser,  tu vas chercher à la confronter à des choses que tu as déjà vues, déjà comprises, pour arriver à  donner du sens, etc. ça, la curiosité, je trouve que c’est vraiment un des leviers les plus importants qui soit pour l’intelligence dite cognitive brute, pour engranger de la connaissance, et dans son rapport aux autres aussi, et dans son rapport au monde. C’est vrai qu’on parle beaucoup de la ténacité, etc., ça,  pour moi c’est les résultantes, quand tu as un enfant qui va de par sa construction arriver à une solidité intérieure assez forte, il va être capable de s’affirmer pour dire, ça fait trois fois que je demande ça, ou ça, je n’en veux pas du tout, mais je trouve que c’est difficile de venir dire, soyez assertif. Déjà nous en tant qu’adultes, ce n’est pas évident d’être assertifs tout le temps et que finalement l’assertivité, ça se muscle évidemment, mais avant ça,  c’est vraiment avoir cette stabilité intérieure, émotionnelle d’une part, parce que si tu pètes un câble à chaque fois qu’il se passe un truc, c’est compliqué d’aller travailler le fait d’être assertif, etc., donc stabilité émotionnelle, qui passe par tout ce dont on a parlé ; la curiosité, c’est ce que tu décrivais, c’est aussi là en tant que parents, il faut faire ce qu’on dit et dire ce qu’on fait, c’est-à-dire qu’un enfant curieux, c’est beaucoup de questions, et il faut y répondre. On a la chance d’être dans une époque où on a beaucoup de supports, beaucoup de livres qui existent pour les alimenter, il existe beaucoup de choses accessibles aux enfants. Et puis, nous ce qu’on encourage évidemment dans la partie négo c’est ce qui est lié aux compétences psychosociales,  l’écoute active, là aussi comme en négo, si tu n’écoutes pas véritablement ce que l’autre te dit, tu es enfermé dans ton schéma à toi. Et donc ça reboucle avec être curieux,  si je suis curieux, ça veut dire que j’accepte de laisser mes jugements de côté pour écouter ce que tu as à dire, peu importe ce que moi j’en pense,  je te laisse aller au bout de ce que tu as à dire, etc. donc l’écoute active. Et puis après, mais ça rejoint un peu la curiosité, c’est l’audace, et ça les enfants, c’est globalement des choses qu’ils ont, ils osent, ils n’ont pas peur de te demander une 5e barbe à papa, parce qu’ils tentent, et ça, ça se cultive aussi.

 

cette écoute active, qu’on comprenne bien que c’est une écoute qui n’est pas forcément dans une volonté de répondre, mais de vraiment comprendre l’écosystème de notre interlocuteur, sa façon de percevoir le monde.et ça veut dire que c’est un vrai mindset, une vraie volonté d’accueillir la parole, ce qui n’est pas toujours évident
On revient à cette histoire d’état d’esprit. L’autre jour, on discutait avec un médecin, apriori tu te dis ce n’est pas forcément la population qui écoute le plus, parce qu’en général là aussi c’est assez descendant, et il disait, depuis que j’ai changé ma façon d’exercer, et que j’écoute pour de vrai, c’est marrant  parce que c’est un monsieur d’une cinquantaine d’années, qui te dit, j’écoute pour de vrai, exactement ce que tu décris, j’écoute sans piaffer d’impatience pour donner une réponse tout de suite, pour évacuer le truc, mais juste j’écoute, parce que je ne sais pas ce que vit la personne et où elle en est, il te dit, à la fin de  ma journée, je suis moins fatigué, nerveusement parlant, et j’ai le sentiment que je fais mieux mon métier, parce que quand j’écoute, à chaque fois, ça m’emmène là où je ne soupçonnais pas d’aller un jour. Donc ça montre aussi la richesse de cette technique-là, qui est, je sais qu’il y a beaucoup de formations, on te dit, l’écoute active, envoie des signaux, hoche la tête,  mais je pense qu’il faut aussi à un moment, juste se poser, et regarder, ouvrir grand ses oreilles, et écouter

 

 

 

 

c’est une intention, c’est ce que tu dis, on peut être techniquement pas très bon, si l’intention est là, et c’est la même chose en négociation, on peut être techniquement pas très bon, mais si l’intention est là, on aura plus que si on n’a pas l’intention et que techniquement on est très bon, on aura un côté très manipulateur. Et ça a du sens, quand tu es dans un conflit dans le sens confrontation où tu veux avoir raison,  tu uses énormément d’énergie, et tu as une victoire oui, parce que tu es le plus fort, le parent, mais à quel prix, et quel cout sur la relation
Oui c’est ça, et on revient à ce que je disais, est-ce que tu veux vivre les 15  années que tu vas avoir avec tes enfants comme ça ? Ou alors est-ce que tu te dis, c’est pour ça que c’est vraiment un état d’esprit, est-ce que tu te dis, je suis parent, j’ai 10 15 ans pour poser les fondations pour cette personne, déjà dans les verbatims employés, ce n’est pas ton enfant qui va être celui que tu veux qu’il soit, c’est toi qui es là pour être un accompagnant sur ses premières  années de vie très structurantes. Et ça, dans l’état d’esprit, ça change tout, et du coup tu fais attention à la préciosité de cette relation aussi, parce que l’enfance, ça ne dure pas tout le temps, et un beau jour c’est fini, donc si en gros, tu as « dressé » tes enfants, à chaque fois qu’ils bronchaient, il y avait une punition, une sanction, encore une fois je ne dis pas que je suis anti punition, parce qu’il faut de la limite, du cadre, et  on ne respecte une règle que s’il y a une sanction par ailleurs,  mais la sanction évidemment n’est jamais corporelle. Mais c’est vraiment se dire, comment je me projette dans ce truc-là, et finalement est-ce que quand je serai une vieille dame ou un vieux monsieur, je serai fier de la façon dont j’ai créé les choses avec mes enfants. Et c’est intéressant ça aussi, parce que quand tu parles avec les gens, j’adore rencontrer des personnes qui sont beaucoup plus âgées que moi, ce dont on se souvient à la fin de sa vie, globalement, c’est sa famille, et les gens qui s’y sont mal pris avec leurs enfants,  c’est quelque chose qui les fait beaucoup souffrir, et malheureusement tu ne peux plus revenir là-dessus. les messieurs qui ont 70 75, et qui te disent, mes gosses je ne les ai pas vus, parce qu’il y avait le boulot, etc., C’est vraiment un état d’esprit, une philosophie, de se dire, la vie est courte, les enfants, ça dure une quinzaine d’années, allez, 20 ans, et au final, comment j’ai envie de traverser cette période-là avec eux

 

Il y a un super TED de Robert Waldinger qui est la plus vieille étude de l’humanité, qui a commencé dans les années 30 à Harvard, ils en sont au 4e ou 5e directeur de thèse qui apporte une réponse à what makes a good life, qu’est-ce qui fait que quand on va mourir, on va être satisfait de notre vie, est-ce l’argent, les like, un statut social.  Ils ont interviewé x générations, c’est un hasard de la vie pour que cette étude soit encore en lice, et la réponse, c’est la qualité du lien social. Et je vous invite vraiment à regarder, ça dure 12minutes, et c’est la qualité du lien social, c’est-à-dire que ce lien social qu’on va créer avec notre famille, nos proches, va nous permettre de vieillir moins vite, de résister plus facilement à la maladie, et de s’en remettre plus facilement. Et c’est important ce que tu dis, quand on va regarder dans  le rétro, c’est des choses sur lesquelles on n’aura plus d’impact, et  au mieux on en sera satisfait et au pire on en aura des regrets, et c’est bien d’en prendre conscience aujourd’hui
Oui, mais encore une  fois, ça ne veut pas dire que c’est parfait dans le quotidien,  parce qu’on a aussi le droit d’être fatigué et tout, mais je trouve que quand tu ouvres un peu le truc, tu te dis, finalement est-ce si grave si elle n’a pas mangé les haricots verts ce soir, mais qu’elle a pris deux poires en dessert ?OK,  mon job de lui donner une alimentation, c’est fait, et en fait je ne me suis pas cramée, parce que tu peux vite t’enfermer dans toutes ces choses-là et chaque journée peut être terrible, où tu te disputes pour le moindre truc, du PDJ au diner, en passant par le bain, les devoirs, ça peut être sans fin. C’est ce qui fait la couleur de ta vie quand les enfants sont petits, et je trouve que, sans tomber dans la permissivité à outrance qui est vraiment néfaste pour tout le monde,  ça te permet de… à la maison avec les trois, je ne dis pas souvent non,  parce que… mais quand je le dis, c’est un vrai non, et personne ne le discute. Je leur ai expliqué, on se lavera tous les soirs, sur des trucs très importants pour moi, et du coup il n’y a pas de sujet. Et c’est vachement intéressant parce qu’avec Florence de Rochegonde qui est l’éditrice de petits, mais costauds, elle-même est maman,  elle a 4 enfants, et on a beaucoup échangé autour de ça, et plusieurs mois après le bouquin elle m’a dit, tu sais, l’histoire du non, je l’ai fait à la maison, j’ai identifié trois quatre grands sujets où c’était non, et ça m’a changé la vie ! parce que du coup on a tous intégré que ces trucs-là c’était niet,  donc on ne se bat plus, on ne perd plus d’énergie. Sur d’autres trucs on peut discuter, il n’y a pas de sujet, et tu vois on retrouve cette notion d’équilibre, il y a des sujets où on peut discuter, il y a des sujets, à trois ans tu peux choisir, le parfum du yaourt, ou le gouter que tu veux, et il y a des sujets où tu ne peux pas choisir parce que tu es trop petit.  Et elle m’a dit, ça a changé la vie de mes enfants, et ça a changé ma vie de maman aussi

 

et plus on les accompagne, et moins il y a de non, ce rôle d’accompagnement est fort, et merci pour l’utilisation de ce mot, je pense que c’est notre rôle aussi sur beaucoup de sujets, comme la négo, je leur dis, vous avez un rôle d’accompagnant, par exemple, ne pas prendre le pathos de l’autre, vous n’en êtes pas responsable. J’imagine, quand je t’écoute, quand je redonne la place à la parole, quand je considère mon enfant en tant qu’individu, tu crées les fondations pour développer la confiance en eux, voire l’estime qui est la partie valeur, cette capacité à agir
En tout cas oui c’est comme ça qu’on a construit toute notre approche ADN Kids, je parlais des ateliers, quand on va dans les écoles, on fait 5 ateliers avec les enfants, c’est les mêmes thématiques, mais travaillées différemment selon l’âge.  On a ce qu’on appelle une mallette pédagogique pour les primaires, une autre pour les collégiens et une autre pour les lycéens, on va jusqu’au lycée, et on a déjà fait des sessions avec plusieurs de nos partenaires pour des post bac qui étaient en prépa pour les accompagner sur la notion d’émotions, travailler sa posture pour les oraux, etc. Et donc ces ateliers, on en a un sur les émotions, un sur la gestion des conflits, la notion de règles, de questionnement, etc., on en a un autre qui est sur la partie confiance en soi, et en fait c’est ce que tu décris, et le dernier est sur le collectif. Et  ce que tu dis, c’est qu’on est dans cette injonction, les enfants doivent  se faire confiance, mais ce truc là , ce n’est pas quelque chose qui se décrète , c’est quelque chose qui se construit, là où c’est compliqué quand tu es parent, c’est qu’à la fois tu es une des premières sources qui va nourrir ce moteur-là chez l’enfant, mais que si en fait, c’est Céline Alvarez, qui est une professeure des écoles qui a beaucoup publié sur ce sujet, elle dit, si tu dis tout le temps à ton enfant, ça c’est bien je suis fier de toi, etc., il va construire son prisme intérieur de la confiance et donc de l’estime de lui-même par le regard que porte le parent. Et tout le but c’est, quand ton petit vient te voir avec un dessin, évidemment il est très fier de lui, et au lieu de toi te positionner comme celui qui va ou pas décider si c’est bien ou pas, tu lui retournes le truc, et toi, qu’est-ce que tu en penses ? et c’est Marcel Rufo qui disait, plutôt que de dire, je suis fier de toi, préférer la phrase, tu me rends fier, parce que ça part de l’enfant, en fait la situation de l’estime de l’enfant ne part plus du regard que porte le parent, c’est vraiment le comportement, l’attitude, les qualités intrinsèques de l’enfant, qui vont générer un sentiment de fierté. Aujourd’hui chez moi, son père, sa mère, son parent, demain chez une maitresse, après demain chez… et du coup tu n’as plus du tout ce rapport de dépendance si c’est moi qui t’attribue les bons points ou si on va te dire, ce que tu as fait ou la façon dont tu t’es comporté font que ça me rend fier, ça me rend content, etc. et ça, c’est vraiment un angle de vue, c’est le petit pas de côté, mais qui peut changer beaucoup de choses pour certaines personnes

 

je ne savais pas que ça venait de cette autrice, mais c’est ce qu’on faisait avec ma femme quand il nous ramène des choses, on lui demande ce qu’il en pense, et des fois il nous dit, ben, franchement je pourrais faire mieux, et dans ce cas-là on lui dit, vas-y, mais, la différence entre, je suis fier de toi, et tu me rends fier, est extrêmement puissante

J’écoute le podcast, je suis un parent, je prends conscience de tout ça, et j’ai envie de m’engager un peu plus loin parce que j’ai un enfant qui est en maternelle, au collège, au lycée, quelle prochaine étape si je veux contacter ADN Kids
Déjà merci d’en parler Julien, parce qu’on est en carence de bénévoles, depuis le début de l’année,  on a entre 3 et 5 interventions par semaine, on forme à peu près 5000 enfants par an gratuitement, et cette année c’est vraiment encore plus fort que tout et plus important, donc on se retrouve à vraiment avoir besoin de forces vives. Donc ceux à qui nos échanges auraient donné envie d’en savoir plus, sur notre site www.ADN-Kids.com, il y a une section pour nous contacter, et là il faut envoyer un message, on a toute l’équipe à Paris qui se fait un plaisir de répondre. L’adhésion à notre association est gratuite,  il y a un dossier à compléter avec des pièces à fournir, et après, à partir du moment où votre dossier, est complet, vous êtes dans toutes les boucles de sollicitation et d’appels à intervention, partout en France, on a la même chose en Belgique, à Dubaï, en Suisse et prochainement au Maroc, au mois de mars je pars au Maroc pour ouvrir l’antenne, et à partir de là, on a un process d’induction aussi, c’est-à-dire que le nouveau  bénévole n’est pas jeté tout seul dans la nature, il y a toute  une équipe qui s’occupe de sa formation avec nos supports pédagogiques, et en général il fait la première intervention en binôme avec quelqu’un d’autre, et rapidement,  ils  prennent la main eux-mêmes sur les ateliers.

 

donc j’ai une mallette pédagogique, je suis accompagné sur cette montée en compétences, la première formation généralement avec quelqu’un pour observer et après je peux me lancer directement pour partager.  On mettra le lien
Pour finir le podcast, avec toujours la même question, si la Julie d’aujourd’hui rencontrait la Julie d’il y a 20 ans, quel conseil lui donnerais-tu ?

Quand je me revois plus jeune, je me dis que j’étais, et après, j’ai accepté l’idée que ce soit une force, mais je doutais toujours beaucoup, de tout, du regard des autres,  est-ce que ce que je faisais, c’était bien, donc si je pouvais aller lui chuchoter à l’oreille, je lui dirais, ce n’est pas si important le regard des autres, et de me libérer un peu plus de ce truc-là, qui je pense, a été un frein un peu sur certains sujets. Mais bon, c’est comme ça qu’on apprend aussi. Ce n’est pas évident, mais tout ce qu’on se dit là, je trouve que ça aide à laisser ce regard des autres à la bonne place aussi. Évidemment qu’il est important, mais tous les regards extérieurs ne se valent pas, et notre regard sur nous-mêmes est précieux aussi.

 

tous les regards ne se valent pas, et ce n’est pas parce que l’autre est déçu que je suis décevant
Oui, ça, c’est très juste, et je trouve que c’est difficile de comprendre ça.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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