Gagner en charisme lors de ses négociations ? Charline Caron

Mon sujet, ce que j’adore étudier, analyser et partager c’est le sujet du charisme. C’est un mot, on y met tout dedans, et l’idée est, que je partage avec un maximum de personnes, comment faire pour développer son charisme.

 

ce n’est pas un sujet évident, je l’aborde sur la formation ou sur des cycles de négociation, c’est quelque chose qui n’est pas acquis, tu peux être extrêmement charismatique face à une audience,  et une heure après face à un autre interlocuteur, pas du tout. ce qu’il m’intéresse de comprendre à travers ton travail, c’est comment on peut être plus charismatique dans ses interactions à l’autre
La première question, c’est est-ce que le charisme, ça s’apprend, parce que parfois j’ai des personnes qui me disent, le charisme c’est quelque chose d’inné, soit tu es charismatique, soit tu ne l’es pas. En gros, tu es foutu. Et ça, c’était une grande question, et à force d’étudier ça, c’était mon problème à l’époque, quand j’ai démarré ma vie d’entrepreneuse, j’avais besoin d’être plus convaincante, de savoir me positionner, m’affirmer, communiquer, et je me suis dit,  comment ils font ces gens qui sont charismatiques, à l’aise, et je me disais, ce n’est pas possible ! j’ai commencé à me poser ces questions, et j’ai compris que c’était  différents critères, qui cumulés, allaient t’apporter un effet global de charisme.

Donc déjà la première question c’est, est-ce que le charisme s’apprend ? Eh bien oui, ça s’apprend. Tout est à faire, tout est à construire

 

ça veut dire qu’on peut tous et comme le sujet de la négo et beaucoup de sujets, on peut tous devenir une meilleure version de nous-mêmes, si on comprend ces différents critères

Exact, comme la négociation, il y a des personnes qui savent négocier, même des enfants, je vois mon neveu, depuis qu’il sait parler, il négocie tout, c’est un commercial dans l’âme, comment il fait ça ? Chez lui c’est naturel. Et d’autres personnes ont besoin d’apprendre, et elles pourront devenir super fortes là-dedans. Donc le charisme, c’est la même chose, c’est des critères à comprendre, et à intégrer, et à faire que ça devienne automatique et naturel

 

par rapport à ton travail, sur ce mot qui est assez large, tu aurais une définition du charisme ?
À force d’y réfléchir, il y a un mot qui revient sans cesse, c’est la capacité à rayonner, et à montrer à l’extérieur qui on est à l’intérieur, sans avoir peur, en ayant confiance en soi. Et l’effet sur l’entourage, sur les interlocuteurs, ça va être de susciter de l’intérêt, susciter une interrogation, mais qui est cette personne ? Ça m’intéresse, je veux en savoir plus. il y a un côté un peu mystérieux, et d’ailleurs dans la définition du charisme, il y a un côté mystique, c’est vraiment quelque chose de waouh, on n’arrive pas à le saisir, une personne charismatique, on a envie d’en savoir plus, on ne sait pas ce qu’elle a, elle a un truc

 

susciter l’intérêt, tu te dévoiles, mais pas complètement, il y a une part de lumière, une part d’ombre, quelque chose qu’on a envie d’explorer, de creuser. J’ai l’impression qu’il y a une notion de fascination sur la personne charismatique

Oui, exactement. Il y a quelque chose d’insaisissable, et ça, ça va aller chercher loin parce que ça va aussi aller chercher dans le mindset, l’état d’esprit de la personne, parce qu’on verra si on a le temps de le développer ou pas, mais juste pour donner une piste, si je me sens légitime, bien dans mes baskets, à ma place, je ne vais pas tout dire, je ne vais pas tout dévoiler, et je ne vais pas avoir tendance à me justifier. Je vais avoir une certaine posture, un positionnement de par mon mindset, mon positionnement va générer ce côté un peu mystérieux, cette fascination et ce côté charismatique

 

tu n’as pas une volonté de convaincre, tu partages, et les gens sont d’accord ou pas, mais ça leur appartient. Tu as un degré de liberté qui pour toi aussi est très intéressant, tu te détaches du regard de l’autre, et c’est plus agréable. C’est vraiment intéressant cette notion de part de mystère et d’ombre, parce que ça me fait penser à quelque chose, je rencontre des gens extrêmement charismatiques, et je trouve que dans l’interaction, quand tu commences à les connaitre,  que tu commences à dévoiler cette part d’ombre et que tu les retrouves régulièrement, au bout de 6 mois, ils sont toujours charismatiques, mais très différemment, il n’y a plus ce côté un peu fascinant. Quand tu es rentré dans la zone d’intimité, quand tu as échangé, que tu les as vus dans un quotidien, c’est très différent
Oui parce que tu vois leur côté humain finalement, et tu vois qu’ils ont des émotions comme les autres, qu’ils ont aussi des contraintes, tout ce qui fait le quotidien d’un être humain. Tu te rends compte que finalement, il y a cette enveloppe, ce rayonnement charismatique que tu as réussi à percer, et tu te dis, en fait c’est juste quelqu’un de normal

 

(communication sur la formation)

 

tu nous parlais de différents critères qu’il faut cumuler, tu as abordé cette notion de légitimité, de mindset qu’on doit avoir en soi. Peux-tu nous partager les fondamentaux, le socle de cette pyramide qui fait que ça va permettre d’aller chercher cette notion de charisme
Je dirais que dans tous ces critères, la première chose qui va venir c’est vraiment le côté instinctif, vraiment sur le plan animalier. Les êtres humains, on va s’observer, et en fonction de comment je me sens dans ma tête, est-ce que je me sens légitime, est-ce que je suis détendu, ou alors est-ce que j’ai un peu le syndrome de l’imposteur, je me demande si je suis à la hauteur, j’ai un peu ou beaucoup de stress,  ça va se voir dans mon langage corporel. Et rien que ce critère-là, ce langage corporel, comment je vais me situer dans l’espace, positionner mon corps, est-ce que je prends beaucoup ou peu de place, quelles sont  les expressions de mon visage, quels sont aussi tous les paramètres physiologiques, est-ce que je suis dans un état de stress  avec beaucoup d’hormones de stress, j’ai chaud, je transpire, je tremble, ou alors est-ce que je suis posé, ancré, je prends la place correctement, ça, c’est des petits détails qui vont avoir un énorme impact sur l’impression que mon interlocuteur va avoir de moi et donc sur mon niveau d’aisance et de charisme.

 

si j’entends, c’est que cette sérénité, cette confiance en moi que je vais avoir, d’une certaine manière, elle va transpirer, et l’autre va la ressentir, et c’est quelque chose qui va être apaisant et c’est déjà cette première étape du charisme pour lui
Oui parce qu’il va pouvoir se situer par rapport à nous.  Parce que clairement on est des animaux, quand on se rencontre, il y a un positionnement qui se crée, est-ce qu’on est d’égal à égal, est-ce que l’autre est au-dessus de moi, est-ce qu’il est en dessous de moi ? On va déjà se positionner dans les premières secondes pour savoir si on est dans une situation dangereuse ou pas, de crainte,  comment se comporter, à qui on a à faire. Il y a déjà ce côté-là , et aussi est-ce qu’on est dans la même équipe, ou est-ce qu’apriori on est plutôt adversaires. Toutes ces choses vraiment inconscientes se mettent en place et donc on va avoir un premier avis sur la personne, et c’est vraiment au niveau du feeling, je parle de critères, de posture, de déploiement dans l’espace, d’ancrage, parce que j’étudie ça depuis des années, mais les personnes vont avoir ce qu’elles appellent un feeling, je l’ai senti comme ça, je l’ai senti arrogant, condescendant,  je l’ai senti sûr de lui, ou au contraire je l’ai senti craintif, pas sûr de lui, il était stressé,  il était timide. Et donc ça va être ressenti, alors que finalement ce sont vraiment des critères

 

Est-ce que je peux travailler cette notion de confiance en moi ? Tu parles de comportement dans l’espace, d’ancrage. Et si je suis dans une interaction à l’autre, et que je n’ai pas confiance en moi, comment je peux compenser, feindre cette confiance en moi ou à minima être dans une position d’écoute qui ne va pas générer de la crainte chez mon interlocuteur ?
Pour la première question, comment travailler sa confiance en soi, si on a un  besoin urgent d’envoyer une image de confiance, et  qu’on n’a pas des jours et des semaines devant soi, ça serait de faire comme je l’ai fait au départ,  d’avoir une posture artificielle qui envoie une image de confiance en soi.  C’est-à-dire qu’on va aller contre notre instinct de protection, on va avoir envie de fermer nos gestes, croiser les bras et les jambes, se faire tout petit, mais on sait que ça ne va pas être bon pour nous dans l’image qu’on va envoyer à l’autre, donc on va se forcer vraiment de manière artificielle. Je vais décroiser les bras, je vais poser mes mains sur la table et ne pas les mettre en dessous de la table, plus mes mains sont visibles et plus j’envoie une image de confiance en moi. et donc je vais aller contre ça,  ça c’est vraiment quand c’est urgent, qu’on doit envoyer une image de confiance en soi, on va travailler le corporel de manière artificielle

 

si tu feins ça, si ton corps fait semblant de le faire, ça va générer cette confiance au niveau du cerveau
Oui, en fait il y aura deux effets.  Il y aura déjà l’effet sur l’interlocuteur qui ne va y voir que du feu, il va vraiment penser qu’on est en confiance, même si ce n’est pas le cas, et ça je peux en parler, parce que mes premières années d’entrepreneuse j’ai fait ça, mais c’était une blague pour moi, je faisais semblant d’avoir confiance, et les gens pensaient vraiment que j’étais sure de moi, alors qu’à l’intérieur je tremblais comme une feuille, c’était une torture, mais ça ne se voyait pas.

Et le deuxième effet, qui est vraiment intéressant, c’est qu’en ayant cette posture-là, le cerveau voit par un effet rétroactif, qu’apriori on ne se sent pas en danger puisqu’on est en ouverture et en ancrage, au contraire on est en position de force et de passage à l’action, donc il va générer des hormones qui vont nous pousser encore plus à l’action,  notamment la testostérone.

Ça c’est le premier truc, en mode urgence, travailler le corporel, ouverture, ancrage.  Maintenant, à savoir sur la confiance en soi, évidemment c’est avec l’expérience qu’on va prendre confiance en soi, plus on va répéter les choses, plus on sera confiant, et plus on aura l’habitude de sortir de notre zone de confort, plus ça va devenir banal, et on va dédramatiser. Mais pour ça on aura besoin d’un petit peu de temps évidemment

 

la zone de confort est propre à chacun, et plus on en sort, plus elle s’agrandit
Exactement, la difficulté c’est que quand tu démarres quelque chose,  c’est là où tu as le plus besoin de confiance en toi, parce que c’est le plus dur et c’est là où tu en as le moins. C’est pour ça que ça demande de se faire violence au départ, c’est la plus grande marche à gravir au départ, et après plus ça va, plus tu es confiant, moins c’est difficile. Donc vraiment si les personnes démarrent quelque chose, c’est dur, mais c’est normal

 

c’est au moment que tu démarres que tu en as le plus besoin, et paradoxalement c’est là où tu en as le moins, tu es face à une incertitude, tu te poses plein de questions, est-ce que je vais être légitime, est-ce que ça va réussir, et j’ai l’impression que ton cerveau est toxique à ce moment-là, il n’est pas dans l’action, pas dans le moment présent, mais il est sur les conséquences de ce qui pourrait se passer
Oui il te fait un scénario, et en plus c’est son rôle de faire un scénario catastrophe, parce qu’il est là pour nous protéger. Donc il dit, attends, tu vas m’amener sur un truc que je ne connais pas,  potentiellement il y a du danger, donc prépare-toi au pire ! et qui a vraiment envie d’aller se confronter au pire , c’est compliqué,  parce que la réaction du stress est vraiment viscérale, donc tu dois lutter contre ça, et faire preuve de courage au départ, c’est vrai

 

c’est viscéral d’où l’expression, j’ai la peur au ventre, ça bloque. Nous on travaille avec de la préparation mentale, pas mal d’exercices de dialogue interne, de visualisation, etc., toi tu as des façons de travailler cette notion de mindset sur une première fois pour au moins à l’intérieur avoir une espèce de pseudo paix intérieure ?
Oui, en fait sur la préparation mentale, déjà savoir que plus je travaille le fond, plus je serai à l’aise pour avoir une forme de mon message qui soit optimale, quand je ne sais pas ce que je dois dire, ça devient très compliqué !

Et puis un autre mythe aussi, c’est que l’improvisation, on n’improvise pas comme ça, on ne part pas de rien. Une personne qui sait improviser, qui sait parler, c’est qu’elle l’a tellement fait, que ça devient naturel et automatique. Parfois j’accompagne des étudiants, et ils me disent, mais madame, je vais y aller au talent ! ah non,  tu y vas au talent quand tu t’es vraiment entrainé, ou alors parce que tu ne mets aucun enjeu dessus, tu ne seras pas victime de ta réaction au stress, parce que tu n’as aucun enjeu, donc aucun stress et c’est là que tu seras le plus performant. Mais la préparation est super importante, aussi visualisation pour préparer le cerveau et qu’il ait l’impression qu’il a déjà vécu la scène et qu’on ne soit pas dans quelque chose de nouveau, d’inconnu. Et les phrases, j’ai beaucoup utilisé ça au départ, je me regardais dans le miroir, sur ma première boite où je vendais des robes de mariée, alors que ça faisait 10 ans que j’étais chez moi, que j’étais malade, il fallait que j’aille me présenter, me vendre, vendre mes produits, convaincre, etc.  rassurer, alors que j’avais zéro confiance en moi, je me regardais dans le miroir et je me parlais à moi-même et je me disais, tu vas y arriver, tu vas déchirer, ça va le faire, ils vont être convaincus, ils vont te suivre mais j’étais dans un délire, je me disais, je suis dingue, mais en fait ça marchait, le cerveau me croyait.

 

je suis assez d’accord, je fonctionne encore comme ça sur certains sujets, sur des conférences où il y a beaucoup de monde, j’ai l’impression que quand je mets, c’est la petite métaphore, quand je mets ma chemise j’ai l’impression que j’enfile un costume de gladiateur et je me dis je suis un gladiateur en chemise. Et quand je vais dans l’arène, c’est vraiment l’arène, pour la confiance,  quand tu as 200 300 ou 500 personnes, il peut y avoir un côté un petit peu intimidant
Oui et quand tu es face à un groupe, tu as besoin d’avoir une énergie qui soit supérieure à toutes les personnes qui sont en face de toi, donc tu as intérêt à être préparé, conditionné, prêt à envoyer du lourd, parce que sinon tu te fais manger par le public. Donc c’est vrai que mettre sa tenue de scène c’est aussi un conditionnement, c’est un signal fort envoyé au cerveau,  attention, là je suis sapé, préparé, c’est parti ! et là tu es focus parce que tu t’es conditionné.

 

exactement, je switche à ce moment-là sur une autre énergie.

Une question sur cette notion de confiance en soi qui va être le pendant, comment est-ce que j’évite dans cette interaction à l’autre, de ne pas être sur un biais de surconfiance, de ne pas être pédant, condescendant, pour être charismatique. J’avais beaucoup aimé le travail d’Olivia Fox Cabane sur le charisme, qui disait, c’est la capacité à avoir confiance en soi effectivement, mais capacité aussi à être bienveillant, chaleureux, parce que tu prends un Trump et un Obama,  les deux ont confiance en eux,  est-ce que les deux sont charismatiques, je ne sais pas dire.  Comment est-ce que tu compenses ça ?
C’est vraiment le sujet extrêmement important, parce que je dirais que la première phase, c’est de travailler sa confiance en soi, l’estime de soi, sa façon de communiquer, sa posture, son langage corporel. Ça,  c’est la première étape. Une fois que cette étape est faite, on ferme le dossier, et maintenant on va vraiment s’intéresser à ce qui va faire la différence, c’est de tourner notre point de vue et de s’intéresser à l’autre, surtout sur le plan émotionnel. Et c’est là où j‘aime dire que la communication, ça rime avec manipulation, c’est vrai, parce que quand tu captes ça, quand tu es capable d’observer, de comprendre l’état émotionnel de ton interlocuteur, et surtout de le faire changer d’état émotionnel, par rapport à ce que tu vas faire, ce que tu vas dire,  et comment tu vas te comporter, là tu as un véritable outil et c’est même une arme, parce que tu es capable de changer cet état, cette atmosphère.

 

pour mon métier qui est de la négociation, la notion de manipulation c’est manipularer en latin, c’est exercer une force sur un objet à la main, ce n’est pas une question de bien ou de mal, toute forme de communication tu as raison de le dire, est manipulation,  tu ne parles pas pour rien dire, le parent manipule ses enfants, le professeur manipule, l’ami manipule. Quand tu es dans une interaction sociale, tu attends quelque chose de quelqu’un, ou en tout cas,  tu n’as pas de non message, même le silence est un message. Donc je sors (sens ?) vraiment et très rapidement dans les interactions que j’ai avec les gens, en leur disant ce n’est pas bien ou mal, ça peut être l’intention qu’on y met
Oui ça dépend dans quelle main on met ça, finalement, tout dépend  de la conscience de chacun, mais tout à fait,  on peut manipuler pour avoir une interaction qui soit intéressante, efficace, pertinente, et ça, oui, carrément ; mais après évidemment, ça te donne des outils  extraordinaires pour mieux comprendre les autres et en faire ce que tu veux, mais c’est sûr que l’émotionnel, on reste des humains, avec des émotions et je pense qu’on a un gros problème, dans notre société, c’est qu’on parle des émotions  comme si c’était un gros mot, comme si c’était être  fragile, faible, bisounours que de parler des émotions alors même qu’au départ elles sont vitales pour notre survie, ce sont des informations pour le cerveau. Mais malheureusement à notre époque c’est comme si c’était mal, pas bien, de ressentir des émotions.

 

l’émotion c’est ce qui permet de mettre le corps en mouvement, et quand tu regardes sur des textes plus anciens, l’Illiade et l’odyssée, tu as des figures qui peuvent être considérées comme très masculines, notamment Ulysse, et il y a un passage où Ulysse pleure, dans l’œuvre d’Alexandre Dumas, les trois mousquetaires, tu as un passage qui est Athos pleure, donc vive l’émotion, pleurer est une émotion comme les autres, elle est  agréable ou désagréable, mais elle apporte une utilité pour le corps, elle vient nous dire quelque chose
Et si tu prends une personne qui est  charismatique, mais qui semble ne pas avoir d’émotions, finalement c’est quelque chose de froid,  on ne va pas arriver à connecter avec cette personne parce qu’elle va nous sembler loin de nous, froide. Je dirais qu’une des forces du charisme, c’est quand tu montres que tu as confiance en toi, que tu es capable de sortir de ta zone de confort, faire face à des situations difficiles, mais qu’en même temps tu assumes ta vulnérabilité et tu assumes le côté émotionnel, tout en observant et en comprenant l’émotionnel des autres.

 

c’est d’accepter ta vulnérabilité, d’en être conscient, de savoir à quoi elle fait écho chez toi, qui te permet d’être totalement charismatique et de ne pas être sur le côté pédant, condescendant ?
Oui c’est ça, parce qu’à partir du moment où tu acceptes 100 % de qui tu es, de ce qui t’est arrivé, de ce que tu vis,  tu n’es plus gêné par aucun aspect. Donc c’est là où du coup il y a une confiance qui arrive, qui est vraiment incroyable, c’est que tu ne pourras pas aller chercher la personne sur une faiblesse, sur un truc qu’elle n’assume pas, sur quelque chose dont elle pourrait avoir honte, parce qu’elle s’accepte totalement,  donc tu peux aller la chercher sur n’importe quoi, elle sera en place, elle va dire, ouais et alors, je suis un être humain comme les autres, so what ? C’est ça qui est puissant

 

une fois que tu travailles cette question de confiance en toi, de vulnérabilité, de bienveillance, est-ce que tu as d’autres clés dans ce début d’interaction à l’autre, pour aller chercher cette notion de charisme ? j’ai pris conscience de cette notion de confiance en moi, je me suis peut-être préparé mentalement, j’accepte le fait d’avoir des forces et des faiblesses, d’avoir des émotions agréables ou désagréables qui font écho à des choses chez moi sur des besoins satisfaits ou non satisfaits,  et maintenant dans cette interaction, dans ce premier moment, comment je peux travailler cette notion de charisme, de première impression, et comme tu le dis dans ta conférence, on n’a pas deux fois l’occasion de faire une bonne première impression
Je dirais qu’il y a un piège dans lequel il faut éviter de tomber, c’est le piège de l’illustration du stress, parce que même si j’ai confiance en moi, même si je suis préparé, il suffit que la situation ait un fort enjeu, que ça me tienne vraiment à cœur, ou que la personne en face de moi m’impressionne,  parce qu’elle a peut-être plus d’expérience, elle a un charisme écrasant, je peux avoir des manifestations de stress. Et le stress il va passer dans le langage corporel, mais aussi dans la voix. Donc pour moi, pour simplifier au maximum, c’est intéressant de garder en tête qu’il faut, que ce soit dans le corps, dans la voix et même dans le mindset, avoir cette sensation d’être posé, ancré, et donc pareil, dans la voix comme dans la respiration, être le plus possible détendu, détendu des mâchoires, du coup des cordes vocales, du ventre, du diaphragme, pour qu’on puisse être ancré, et envoyer une image inconsciemment de solidité,  mais aussi que la voix puisse se poser, être plutôt dans les tons graves, et avoir beaucoup plus  d’impact que si on part dans les aigus, un débit de paroles très rapide, etc., où ça va devenir anxiogène

 

je le vois sur des prises de parole, j’avais été accompagné par un coach qui me disait qu’avant de prendre la parole sur un micro, attendre 3-4 secondes, ce temps qui pour moi est une éternité, et je me rends compte, peut-être un peu moins maintenant,  mais c’était le cas au début quand je faisais des conférences,  à avoir un débit de paroles assez rapide, presque comme si je voulais me débarrasser du sujet
Oui , c’est ça, en fait il y a toujours derrière une cause du mindset. Si tu es dans le stress, on va avoir tendance à accélérer, soit pour vite en finir, ou alors parce qu’on a peur d’ennuyer nos interlocuteurs, donc on va accélérer. Ou alors parce qu’on a peur qu’ils s’endorment, donc au lieu de mettre de l’énergie dans un débit de paroles qui est correct, on va avoir tendance à accélérer. Alors que ce n’est pas ce qu’il faut faire, il faut parler plus lentement, avec une intonation qui a de l’énergie, donc on va tomber dans ce piège d’accélérer.

Il y a aussi autre chose que tu as dit, très intéressant, c’est le blanc. On a une distorsion vraiment, tu as l’impression que ton blanc dure 20 secondes alors que ça dure une demi-seconde, et là encore une fois, si on est focus sur soi-même, on ne va pas s’autoriser à faire des blancs, encore moins si je n’ai pas confiance en moi, je ne vais pas en faire. Mais si j’ai confiance en moi et que je me dis,  de quoi a besoin mon interlocuteur pour être confortable dans ce que je lui raconte et dans la compréhension,  il a besoin de pause, comme ça à chaque fois que je fais une petite pause, ça résonne dans sa tête et il se dit, OK j’ai compris, et il est prêt pour la suite. Donc si je m’intéresse aux besoins de mon interlocuteur, je vais ralentir, peut-être mettre de l’énergie s’il y en a besoin, mais je vais ralentir, faire des blancs, pour que ce soit plus digeste, plus compréhensible

 

peut-être une astuce qu’on peut donner aux gens, s’ils ont l’occasion de s’entrainer, soit sur de la prise de parole soit sur des interactions, c’est peut-être de se filmer. Mes plus grosses prises de conscience, ça a été quand j’ai été filmé sur des interventions où quand je m’écoutais je me disais, là je suis vraiment bien sur mon débit de paroles, alors que je me souvenais qu’à ce moment-là j’avais la perception que ça prenait une éternité, que c’était extrêmement long, mais la perception était que c’était le bon rythme. Et à l’inverse, quand je pensais être bien, je me disais, c’est un peu rapide quand même, il y a une double réalité entre ce que toi tu ?? et les gens qui sont en face et j’en suis vraiment très conscient. Des fois tu peux laisser des blancs de 3-4 secondes, tu poses une question, quand tu te regardes tu te dis ça passe, alors que tu as l’impression limite dans ta tête de t’être forcé à faire cette pause
Oui complètement parce qu’il ne se passe pas rien pendant le blanc. Déjà,  il y a une connexion avec l’autre, parce que tu le regardes, peut-être qu’à travers ton regard, tes sourcils,  tes mimiques, il y a une communication qui continue même s’il n’y a pas de bruit, donc ça déjà,  c’est présent, et en plus il se passe plein de choses dans la tête de la personne qui t’écoute, quand tu t’arrêtes de parler, elle est contente parce qu’elle peut faire le point avec elle-même,  comprendre ce que tu racontes, se poser des questions, réfléchir à sa réponse, donc c’est intéressant de faire des blancs, il faut même en faire.

Une chose que je voulais ajouter aussi, dans cette idée parfois de s’emballer et avoir un débit de paroles trop rapide, il y a un autre piège, c’est de ne jamais redescendre. Ce que je veux dire par là, c’est parler comme si on attendait une réponse. Un exemple, tu arrives à la fin d’une intervention, et parce que tu n’as pas l’habitude, tu n’as pas préparé la fin ou tu manques un peu de légitimité, dans ta tête, tu vas faire un truc du genre, je vous remercie de votre attention,  ma conférence est maintenant terminée, et voilà, et ça n’en finit plus ! c’est vraiment, vraiment gênant. On fait ça parce qu’on n’ose pas se confronter encore une fois à un blanc qui est, j’en ai maintenant terminé, finir la phrase, laisser un blanc,  le temps que les personnes en face comprennent que j’ai terminé, et soit qu’elles applaudissent, soit qu’elles passent aux questions, parce que ce blanc est terrible, quand on n’a pas l’habitude, on a l’impression qu’on va se prendre un vent, qu’on va nous lancer des  tomates, je ne sais quoi, et du coup on ne veut pas se confronter à ça et du coup on reste toujours  dans les aigus, les aigus,  et ça n’en finit pas

 

si j’élargis ton propos, ça veut dire que dans ma voix, ma tonalité, tu parles de la fin d’une intervention mais si je veux être charismatique avec l’autre, je n’ai pas à hésiter à avoir des tons un peu plus graves à certains moments, mais à d’autres, d’être en capacité d’accélérer ou même d’aller dans les aigus.  En fait c’est l’hétérogénéité de ce panel de voix qui va me permettre de faire en sorte déjà que l’autre ne s’ennuie pas, mais de susciter cette attention et cet intérêt
Exact, parce que si tu restes toujours sur le même plan, si tu es trop bas, trop mou trop calme, monotone, tu es soporifique. Si tu es trop dans les aigus,  ça devient anxiogène, la personne va décrocher, c’est désagréable. Donc le secret c’est de moduler, de faire une variation dans les intonations,  dans le rythme, parfois tu vas mettre un gros blanc parce que tu veux créer une espèce de suspens, ou faire en sorte que le mot que tu as dit ait le temps de résonner dans la tête de la personne donc tu attends avant d’enchainer. Par moment tu vas mettre plus de punch, tout dépend de ce que tu dis, est-ce que tu es en train de faire du storytelling, tu racontes une histoire, donc là tu mets plus d’énergie, est-ce plutôt un effet sur un sujet très grave, là tu vas baisser un peu. C’est vraiment incarner ce que tu racontes et finalement vivre ce que tu racontes, on en revient aux émotions.

 

maintenant que j’ai travaillé cette partie confiance en moi, bienveillance, que je travaille mon premier temps avec le fait d’être posé, décontracté musculairement, peut-être,  de travailler ma respiration, est-ce que dans ce début d’interaction à l’autre j’ai des choses à faire ou à ne surtout pas faire qui vont impacter positivement ou négativement mon charisme
Je dirais que ce qui est important, c’est de trouver l’équilibre ; c’est vrai que c’est le truc qui est  rageant pour les personnes qui me suivent parce que souvent on aimerait une recette, la même recette à appliquer tout le temps, avec tout le monde, et finalement on est sur un plan humain avec des émotions, des contextes différents, et donc il y a toujours, arriver à se positionner de manière équilibrée, en fonction de la personne qu’on a en face de nous,  mais aussi de son état émotionnel, sur le moment, aussi du contexte. Et donc ça nous oblige vraiment à observer l’autre, et à avoir une intelligence émotionnelle, mais aussi une intelligence de contexte, parce que tu prends la même situation, avec la même personne, en fonction des jours il ne faudra pas se comporter de la même façon. Donc ça nous oblige dans un premier temps à travailler notre langage corporel, notre voix, respirer, être ancré et même l’image qu’on envoie au niveau de nos choix vestimentaires, etc., on va se positionner d’une certaine façon, en fonction de nos objectifs et de qui on est, mais une fois que ça est fait, on n’en parle plus, on n’y pense plus, on pense simplement au contexte, à la personne, à ce qu’on veut, ce qu’on veut générer chez l’autre et ce qu’on veut faire vivre à l’autre comme moment.

 

j’avais un directeur conseil dans une précédente vie qui m’avait donné cette citation d’un coach de basket qui disait, si tu t’habilles bien, tu te sens bien, si tu te sens bien, tu joues bien. Et c’était vraiment cette notion de, ce n’est pas tant respecter les canons et les critères que la société nous impose, mais c’est être en adéquation avec ce qu’on a envie de véhiculer comme image. De se dire, ça peut être une tenue qui est festive, ou là j’ai envie d’être élégant ou j’ai envie de, mais en tout cas je suis aligné avec moi-même, et c’est quelque chose qui ne me pollue plus dans mon interaction à l’autre
Oui je dirais que la première  chose, c’est de correspondre à un dresscode pour la première impression, très grossière,  OK je montre à l’autre que je suis prêt à m’intégrer, je fais un effort, un pas vers vous,  j’ai compris votre code, vos valeurs, donc je montre que je suis prêt.  Et ensuite, le fait de se regarder dans le miroir et de se dire, ouais franchement ça le fait, j’aime bien,  et je vais générer encore une fois un mental qui va être puissant, et je vais prendre confiance en moi, et ça va se voir dans mon corps et dans mon langage corporel. Une personne qui ne fait pas attention à elle, qui se néglige qui a une image négligée, évidemment ça va la mettre en difficulté dans son mindset, parce que quand elle va se regarder dans le miroir, elle va se dire, bon, pas terrible, je ne suis pas convaincant !  et donc elle va se rabaisser toute seule, on part dans le mauvais sens. Mais aussi, sur l’autre, si on parle de charisme, etc., quand je suis négligé, j’envoie à l’autre l’information , vraie ou pas, en tout cas c’est ce qu’il risque de s’imaginer, que je ne me respecte pas moi-même, je ne pense pas valoir assez pour faire attention à moi, à ma santé, à mon image, etc., donc c’est compliqué parce que j’envoie l’image que je ne me respecte pas moi-même, donc au niveau du charisme, déjà on part un peu de travers

 

et je ne peux pas demander à l’autre qu’il me respecte si je ne me respecte pas moi-même
Exactement

 

la citation est de Deion Sanders, “if you look good, you feel good, if you feel good you play good”  et Cédric me disait, il faut faire attention à certains petits détails, ça peut être des routines des choses comme ça, mais c’est important d’avoir presque  ses rituels, de se sentir bien avec ses vêtements, avec son environnement pour le transpirer, pour le transmettre à l’autre, dans l’interaction
Oui et évidemment, ne pas tomber dans l’excès, on n’a pas  besoin d’être tiré à 4 épingles, tous les jours, tout le temps et d’être super à cheval sur tous les détails, mais savoir pour soi, ce qui est important. Certaines personnes, il y aura certaines choses qui doivent être bien faites pour se sentir bien, ça sera différent chez les autres,  donc finalement on ouvre aussi le sujet de la connaissance de soi, se connaitre, savoir ce qui est important pour soi, et assumer ce qui est important pour soi, et être OK avec ça

 

je pense qu’il faut être congruent, c’est vraiment cette notion. Quand j’ai commencé sur le business, j’avais une sorte de petit syndrome de l’imposteur parce que j’étais assez jeune dans le métier que je faisais, et je me disais à 34 35 ans, c’est compliqué de faire du conseil en négo et peut-être que je respectais des codes, le costume, la cravate, ça ne m’a pas desservi, mais est-ce que ça m’a servi outre mesure, je ne sais pas. Et aujourd’hui toutes mes conférences, toutes mes formations,  je les fais en jean parce que je trouve que c’est une façon aussi de montrer que je suis jeune encore, et que je peux m’inscrire en opposition à une forme de concurrence de personnes qui ont 50-60 ans,  et que tu peux toujours porter un jean avec une chemise et une cravate, et j’ai fait des rendez-vous avec des DRH en étant en jean et ça passe très bien. Je me souviens d’un rendez-vous avec des RH, il y avait 100 000 personnes, plus la direction et on a fait un super rendez-vous, et ils m’ont dit, on adore cette énergie de modernité que vous apportez, comment pourrait-on avancer ensemble ? Donc c’était d’incarner à travers mon message qui est de dire, ma perception de la négociation est en rupture avec pas mal de choses qui sont assez old school qui ont 40 ans, et  c’est aussi important de l’incarner ce message-là
Oui c’est très juste, au départ on veut vraiment se plier aux codes du milieu, au dresscode, parce qu’on veut absolument se faire accepter, parce qu’on manque peut-être un peu de légitimité, donc vraiment on va se soumettre à tout ça,  et ensuite quand on prend confiance en soi et qu’on va se différencier, on va finalement se rendre compte qu’on est différent des autres et qu’on assume ça, on va arriver à se détacher de ces codes et de jouer avec ça de manière intelligente pour malgré tout quand même rassurer un peu la personne qui nous découvre et en même temps montrer notre singularité. Donc ça devient hyper subtil et totalement congruent et tout est fluide, logique et naturel. Et j’aime dire que la communication est réussie quand elle ne se voit pas, donc par exemple le look que tu as aujourd’hui ce n’est pas forcément quelque chose qui va nous frapper, on ne va pas se dire, il a un look spécial, mais dans l’ensemble, c’est fluide, cohérent, normal, donc la forme finalement se fait oublier et on ne s’intéresse qu’au fond

 

est-ce que ça ne serait pas ça le charisme ?Cette capacité à avoir confiance en soi, à être bienveillant et assumer sa singularité, à vouloir respecter une norme tout en montrant qu’on est différenciant et tourné vers les autres
Exact, c’est ça, c’est un mélange de,  en même temps je fais attention aux autres, je fais attention aux codes mais en même temps je m’en fous. En même temps, c’est pour ça qu’on a du mal à mettre des mots dessus, parce qu’il n’y a pas de recette, ce n’est pas clair, ce n’est pas précis, c’est quelque chose d’assez flou, mais en même temps, si on voulait aller là-dedans, c’est un peu comme la vie, c’est l’énergie, c’est tout le temps en mouvement, il y a un équilibre qui se crée, qui se déséquilibre, et il y a un équilibre qui revient. Finalement c’est ça, c’est pour ça aussi que ça se rapproche de l’impalpable, de la notion de charisme

 

donc pas besoin d’être une star de radio ou une popstar pour assumer sa singularité, on peut tous le faire dans notre quotidien
Oui et même il y a des personnes qui ont un look incroyable, qui sont très connues, et qui finalement sont comme vides à l’intérieur, parce qu’elles n’ont pas fait ce travail de s’accepter, d’avoir confiance en soi, d’être détachées, etc. donc il n’y a que l’image qui a été travaillée, l’intérieur n’a pas du tout été bossé

 

l’idée du charisme, ce n’est pas tant sortir du cadre, c’est juste proposer un autre cadre de référence qui est le sien, et les gens y adhèrent ou pas, mais ça leur appartient
Exact, et d’ailleurs s’ils n’y adhèrent pas, ça ne nous touche pas, parce qu’ils ne peuvent pas remettre en question qui on est, donc finalement on ne va pas être influencé par le regard des autres, qui est une vraie prison, ça empêche d’avancer, de faire ce qu’on veut. Et donc finalement je suis tel que je suis, tout en m’intégrant aux autres parce qu’on vit en société, mais voilà, c’est cool

 

 

 

c’est sûr que ce n’est pas sur une interaction de 15, 30 minutes ou une heure qu’ils peuvent savoir qui on est, donc déjà prendre conscience de ça, ça peut nous libérer. C’est vrai que le regard est une prison, il parait que c’est une des peurs les plus importantes, devant la peur de mourir, cette peur de prendre la parole en public, et on se rend compte à quel point le regard de l’autre est compliqué, cette prise de parole, entre chez toi dans ta chambre et la même prise de parole devant 200 personnes, c’est peut-être la même scène, le même endroit, les mêmes spots de lumière, les mêmes conditions, c’est peut-être juste qu’il y a 200 paires d’yeux en plus
Exactement,  et parce que là encore une fois on va aller cherche loin, de quoi on a peur, on a peur d’échouer, d’être humilié, mais en vrai, on a vraiment peur d’être rejeté et c’est pour ça que quand on publie une photo sur les réseaux on espère avoir des likes, on a peur d’être rejeté. Et pourquoi on a peur d’être rejeté, encore une fois c’est viscéral, à l’époque préhistorique, on ne pouvait pas survivre seul, donc c’était une question de survie que d’être accepté par le groupe, et surtout ne pas être rejeté. À l’heure actuelle, on peut vivre, si on est rejeté, on a tout ce qu’il faut à la maison, mais quand même, on l’a vu avec le covid, la solitude fait beaucoup de mal,  donc on comprend finalement que cette peur du rejet va générer beaucoup de stress et va nous empêcher d’avancer.

 

cette prise de conscience qui est de dire,  il y a 10 000 ans, et le cerveau fonctionne encore de la même manière, si on était rejeté du groupe, c’était aller vers une mort certaine, et aujourd’hui ce n’est plus le cas.  Et en prendre conscience, d’une certaine manière c’est aussi gagner un degré de liberté, il n’y a pas mort d’homme. Si les gens ne sont pas d’accord, ils ne sont pas d’accord, et il y a certains métiers qui sont plus durs que d’autres pour ça

Oui, mais  je dirais même que, c’est un peu dingue, mais, c’est presque une chance de se faire rejeter, parce que  moi j’ai eu le sentiment d’être rejetée quand j’étais ado à cause de mes problèmes  de santé, j’ai été déscolarisée à l’âge de 16 ans, j’ai fait mes années  de lycée par le CNED, j’étais vraiment isolée, j’ai vraiment eu ce truc, je suis rejetée par la société.et quand finalement tu te retrouves seul, tu te dis, bon, c’est moi avec moi-même, et finalement tu te  libères de ça, tu es prêt à tracer ta route, parce qu’il n’y a personne qui va t’influencer, ou tu ne te dis pas que les gens attendent peut-être ça de moi, donc je vais obéir, inconsciemment bien sûr. Tu te dis, c’est moi avec moi-même,  donc qu’est-ce que j’ai envie de faire ? et là c’est parti, et tu es totalement libre

 

 

 

 

c’est fort ce que tu dis, et c’est s’apprivoiser, et faire connaissance avec cet infini qui est au centre de nous et qui est généralement plus important et plus impactant que l’illusion de la relation avec d’autres personnes, qui peuvent être très éphémères, alors que nous on se supporte de la première seconde jusqu’à la dernière, normalement, donc autant être en paix avec cette partie de soi
Voilà, mieux vaut faire  équipe avec soi-même parce que c’est pour la vie entière, donc si tu es fâché avec toi-même, c’était mon cas, j’étais très, très fâchée  avec moi-même, et à un moment donné je me suis dit, il faut faire un effort, on va peut-être essayer de se tolérer, pour commencer, et puis après..

 

c’est la base de tout, c’est la base du charisme, si on ne se plait pas à soi, comment est-ce que les autres peuvent trouver quelque chose de bien chez nous ?
C’est ça

 

Est-ce qu’il y a quelque chose que j’ai omis si demain je veux être un peu plus charismatique dans ma relation à l’autre ? Une sauce secrète en plus, l’ingrédient qui…
Je dirais, y croire, même si notre cerveau essaie de nous dire non,  imagine que ça ne marche pas, imagine que malgré tous tes efforts depuis tellement de temps, imagine que ça ne marche quand même pas, eh ben aller contre ça,  et continuer d’y croire, parce que dans tous les cas, le temps va passer, le temps défile, donc que j’ose ou pas, ce temps passe, et si je me projette dans 5 ans, si je continue mes efforts, ce temps sera passé. Est-ce que je veux rester dans cette situation qui ne me convient pas,  et passer à côté de ma vie, ou est-ce que je tente, même si ça risque de ne pas marcher, au moins j’aurai fait ce chemin dans tous les cas j’aurai vécu quelque chose, donc ça ne sera pas pour rien, et je prends le risque que ça marche

 

je suis entièrement d’accord, le temps de l’effort est généralement plus court que le temps des regrets, donc il vaut mieux faire l’effort
Oh oui, et quand on est jeune, on a les vieux qui nous disent, tu sais,  la vie ça va très vite, tu verras, et nous on se dit, c’est quoi ces vieux qui nous disent des trucs, on s’en fout ! et après tu dis, ils n‘ont peut-être pas si tort que ça, ça passe, mine de rien !

 

et quand tu en prends conscience, ce n’est pas qu’il est tard, mais généralement on prend conscience des choses quand on n’en a plus, ou quand on a eu l’occasion d’avoir des expériences  de vie ou de rencontres,  et plus on en prend conscience tôt, et plus c’est game changer
Exact et  ce qui est triste c’est que souvent il faut qu’on soit confronté à quelque chose de très difficile, la maladie, un deuil, un divorce, quelque chose de vraiment très fort, de manière négative, pour se dire, est-ce qu’il n’y a pas quelque chose de mieux à faire dans ma vie que de me courir après. Donc l’idée serait peut-être de se dire, on n’est pas obligé d’attendre de vivre un truc traumatisant pour commencer à profiter de la vie, à kiffer et à faire ce qu’on aime. Ça, ça pourrait être une idée pour les prochaines générations

 

ça me fait toujours penser à cette phrase de Confucius,  on a deux vies et la deuxième commence quand on s’aperçoit qu’on n’en a qu’une
Oui c’est ça ! là ça remet les choses en place, tu te dis, ah oui d’accord, est-ce que j’ai envie de continuer dans cet état de stress, de frustration de colère, jusqu’à ma mort, ou est-ce qu’il y a moyen de faire quelque chose pour en profiter ?

 

et il y a plein de choses qu’on pense acquises, la santé par exemple, et en fait on ne fait pas attention jusqu’au moment où on ne l’a plus, ou quand un être cher ne l’a plus et on se dit waouh, je ne me rendais pas compte à quel point tous les jours, j’étais béni
Exact, c’est quand on le perd qu’on se rend compte qu’on l’avait, c’est terrible

 

et cette notion de confiance en soi, de charisme, elle se travaille ( ?) déjà au centre de nous au départ, pour après rayonner

Et on peut parler aussi de la notion de gratitude, qui est aussi assez vue comme une vision bisounours dans le milieu, quand on ne connait pas trop le développement personnel, mais la gratitude va générer énormément de choses au niveau du mindset, et un apaisement et justement ça nous permet de rayonner aussi

 

je ne pensais pas que le podcast nous amènerait là, mais complètement d’accord, gratitude et si tu me le permets, je dirais le contentement, ce contenter de quelque chose, dans notre société où on est dans une volonté de surconsommation, de surperformance, sur diplôme, etc., j’ai découvert la notion de contentement il n’y a pas très longtemps, mais quelle sérénité ça t’apporte !
Oui de savourer

 

ce n’est pas un manque d’ambition…
Pas du tout, mais c’est une vraie difficulté

 

 

 

complètement avoir l’ambition de pouvoir se contenter ou de profiter de la vie pleinement. Quand on était sur la journée où on s’est rencontré, Laura faisait une conférence sur la gestion du temps, cette volonté de montrer à chaque fois qu’on est overbooké, en fait ça n’a pas de sens, effectivement
Non, c’est la difficulté d’avoir de l’ambition, d’avoir des projets, parce que c’est ça qui nous motive, etc., tout en profitant de ce qu’on a à l’instant. À chaque fois qu’on va avoir un succès, on va se dire, super, ça c’est fait, maintenant je me concentre sur la suite mais non, profite, célèbre, parce qu’en plus on ne sait jamais quand la vie s’arrête, si ça s’arrête demain , c’est quand même dommage !

 

C’est couillon d’avoir fait autant d’effort et se dire j’en profiterai demain, et il n’y a pas de demain !
C’est ça, et même, si tu te projettes, tu as 90 ans, tu te dis, j’ai vraiment atteint tout ce que je voulais atteindre, j’en profite maintenant. Ben non, pourquoi je n’en ai pas profité tout au long ? C’est dommage aussi. Donc c’est vraiment cette capacité à se contenter, profiter, se rendre compte, avoir une prise de conscience de la chance qu’on a au quotidien, tout en continuant nos projets, être dans les deux dynamiques en même temps

 

c’est la même chose que de travailler dur pour avoir un week-end, ou se dire, je travaille toute une année dure pour 4 semaines de vacances par an, pour certains ça fait sens, pour d’autres ça le fait peut-être moins
Oui et voir la qualité aussi du week-end, quand tu as été dans un état de folie toute la semaine, est-ce que le week-end va être suffisant ? C’est ça aussi, on se coure après finalement et dans des états de frustration, de colère, de stress,  et de se poser la question, est-ce que j’ai envie d’avoir une vie entière dans cet état, ou  est-ce que, avec la chance qu’on a nous en tout cas d’être en France, il n’y a pas moyen de me construire une vie beaucoup plus agréable, beaucoup plus puissante et épanouissante,  parce qu’on a beaucoup de chance d’avoir tout ça à disposition

 

Pour finir ce podcast, toujours la même question, si la Charline d’aujourd’hui rencontrait la Charline d’il y 20 ans, quel conseil lui donnerais-tu ?
Il y a 20 ans c’était exactement au démarrage de toutes mes difficultés, de mes problèmes de santé qui ont duré une bonne dizaine d’années, je dirais, OK, ça va être dur, mais ça vaut vraiment la peine, donc accroche-toi, parce que le cadeau derrière va être extraordinaire ! accroche-toi !

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